Comédie d'Alfred de Musset, mise en scène d'Emmanuel Besnault, avec Lionel Fournier, Benoît Gruel, Elisa Oriol, Deniz Turck et Manuel Le Velly.

Dans le royaume, un mariage se prépare. La princesse Elsbeth doit épouser le Prince de Mantoue qu'elle n'a jamais vu. Le bouffon du roi, que la princesse aimait tant, vient de mourir. 

Fantasio, un jeune homme oisif et criblé de dettes croisant le cortège funéraire a l'idée de prendre ses habits pour devenir bouffon à son tour. Ainsi affublé, il se prendra au jeu au point d'aider la princesse à suivre son coeur plutôt que de servir les affaires de l'Etat.

Après avoir joué Brecht, Molière ou Tchekhov, c'est Alfred de Musset et son "Fantasio" auquel s'attaque la Compagnie de l'Eternel Été. Une fois encore, Emmanuel Besnault propose de dépoussiérer un classique et d'en tirer l'essence pour parler de notre temps.

Dans une scénographie féerique formidable d'Emmanuel Besnault lui-même, qui lorgne du côté de la Commedia dell' Arte et parait, avec ses colonnes vénitiennes et son sol bicolore, une vraie illusion d'optique, une longue passerelle de bois descend devant un castelet où prennent place des instruments.

Car c'est la particularité de ce Fantasio : donner au texte de Musset l'énergie du rock'n roll pour en faire ressortir le propos et la poésie. Et c'est une grande réussite. Tous les comédiens jouent de plusieurs instruments et chantent, tel un groupe en concert, sous la houlette du magistral Manuel Le Velly. 

Les chansons choisies (Bowie,The Doors, les Rolling Stones...) collent parfaitement à la desespérance d'une jeunesse en quête d'idéaux qui traverse la pièce de Musset et font écho à la génération d'aujourd'hui.

Mais le spectacle propose également une vraie belle interprétation du classique où Benoit Gruel est un formidable Fantasio qui rappelle le Joker de Batman et dont on sent toute la mélancolie.

Il contient aussi des duos clownesques épatants : Mantoue (grandiose Manuel Le Velly) et son aide de camp Marinoni (Lionel Fournier, parfait) ou Elsbeth (touchante Elisa Oriol) et sa gouvernante (Deniz Türkmen, hilarante).

Mis en valeur par les superbes costumes de Valentin Perrin, les masques inquiétants de Juliette Paul et les lumières idoines de Cyril Manetta, tous mettent une énergie exceptionnelle dans ce "Fantasio" magique qui reste en mémoire longtemps après, signe des grands spectacles.

A voir et à revoir sans modération.