La rumeur n'avait pas mis longtemps à enfler. Depuis le mois de novembre dernier, deux déclarations, une de Stuart Braithwaite, qui avait avancé que "ce disque fera aux guitares ce que qu'Interpol a fait pour les costards". (Bien trouvée celle là !!), et une d'Alan Mc Gee, ex-patron de Creation et actuel tenancier de Poptones, qui aurait dit au sujet de Mr Beast qu' il s'agissait du "meilleur disque d'art rock depuis Loveless de My bloody Valentine(Visiblement, ça doit faire un bail que Mc Gee n'a pas ré-écouté le groupe de Kevin Shields.)
Donc la couleur semblait annoncée, Mr Beast allait renouer avec les guitares friandises, celles chauffées à blanc sur les maxis du début ou sur l'inépuisable Young Team.
Autant tempérer votre enthousiasme illico car Mr Beast est assez allégé en bruit. Le morceau d'ouverture, "Auto Rock" prend tout de suite l'auditeur à contre-pied… Il se construit sur quelques notes de piano (omniprésent sur le disque) allant crescendo et rejointes en cours de route par de discrètes guitares saturées.
"Glasgow Mega Snake" renoue un temps avec le passé. Un mur de guitares soutenu par une batterie gonflée à bloc, jusqu'à ce break heavy metal, qui rappelle que c'est ce que Mogwai sait faire de mieux : Humaniser et rendre fréquentable le métal crasseux qu'on a (tous) écouté en troisième et en seconde. On retrouvera cette même volonté sur "Folk Death 95" ou encore "We're No Here" qui termine l'album…
"Acid Food" fait partie des quelques morceaux chantés du disque, porté par une boite à rythmes claudicante et une jolie guitare steel. "Travel Is Dangerous" joue aussi la carte nostalgie. C'est en fait le seul morceau qui assure le lien avec My Bloody Valentine, avec son refrain très mélodique noyé sous un épais brouillard de guitares saturées.
Mais de Mr Beast est principalement parcouru par les guitares apaisées et crépusculaires naguère côtoyées sur "Cody" ou "Rock Action", comme sur le single "Friend Of The Night", avec ce piano délicat, que l'on retrouve mêlé à des arpèges cristallins sur le mélancolique "Emergency Trap", ou le magnifique "I Chose Horse" chanté en japonais.
Au final, vous aurez compris que Mr Beast n'est sûrement pas le monstre annoncé. Cet album s'inscrit dans la continuité d'un groupe qui puise aux antipodes des styles qui ont forgé sa réputation.
Certes, on pouvait s'attendre à plus de guitares, et on cherche en vain les morceaux de 15 minutes (le plus long culmine à 5 minutes et des poussières, un exploit.) Nul doute que l'on s'habituera aux morceaux de Mr Beast, qu' ils feront leur place et que l'on finira par accepter les petits défauts de cuirasse et la frustration que ce disque engendre à certains moments. |