On a coutume de dire que la boxe est le noble art. Alors quand celle-ci rencontre la littérature, cela ne peut que donner une belle lecture. Et cela tombe bien car l’auteur de cet ouvrage, Deux cents noirs nus dans la cave, est un auteur de romans noirs qui connaît bien la boxe, il y est entraîneur en ayant même créé sa propre salle.
C’est un roman percutant qu’il nous propose, un ouvrage qui mêle la description du combat légendaire de boxe entre Mohamed Ali et Jerry Quarry à l’affaire du casse le plus spectaculaire de l’histoire des Etats-Unis.
L’histoire se déroule en octobre 1970 à Atlanta. Deux cents gangsters noirs venus de Harlem, de Chicago et d’ailleurs sont entassés nus et en vie dans une cave dans la banlieue d’Atlanta. Ils ont assisté à un événement sportif d’une portée mondiale : le retour de Mohamed Ali sur le ring face à Jerry Quarry. On leur a offert des invitations pour une grande soirée de paris illégaux. Puis on les a braqués et maintenant ils vont devoir regagner leur hôtel à 4h du matin. Ils sont de très mauvaise humeur. Qui a organisé cette opération ? Que faisait là Chicken Man, qui distribuait les invitations autour du ring ? Et J.D. Hudson, premier flic noir d’Atlanta, qui était chargé de la sécurité d’Ali ?
140 pages lues d’une traite, tel un uppercut. L’ouvrage témoigne d’une maîtrise parfaite du noble art et de Mohamed Ali par l’auteur. Mêlant dimension romanesque et enquête documentée, l’auteur relie le combat de boxe (qui marque le retour de Mohamed Ali au combat après avoir fait désertion) et le braquage autour de l’un des proches du boxeur noir américain. Deux récits dans l’ouvrage donc, l’un concernant le combat et l’autre couvrant le braquage.
Dans ce double récit haletant, où tous les faits et personnages appartiennent à la réalité, Elie Robert-Nicoud nous livre un portrait subtil de l’Amérique des années 70 dans lequel on va prendre plaisir à retrouver des personnages connus dans différents domaines, comme le sport, le cinéma ou la musique. C’est une période charnière de l’histoire des Etats-Unis que l’on retrouve dans l’ouvrage, celle de la guerre du Vietnam et de sa contestation, celle de la lutte pour les droits civiques aussi. Mohamed Ali était le symbole de cette période, de cette contestation et de cette lutte. Et puis l’autre sujet important de l’ouvrage, c’est la mafia et la pègre, au cœur du braquage raconté par l’auteur.
La lecture de cet ouvrage fut donc pour moi une belle découverte, celle d’un auteur et d’un double évènement, sportif et faits divers qui témoignent parfaitement d’une époque. Je recommande vivement. |