Josh Rouse et Subtitulo, quatrième album, c'est un peu comme Ricoré. L'ami du petit déjeuner. Un chien courant dans la pelouse, au ralenti. Long panoramique sur un astre chaud et doré, comme l'ami Ricoré, et mamie riant aux éclats devant le petit fils trempant ses lèvres dans le bol au nectar sucré.
Une bonne journée qui commence, sans nuages aucuns, où les gens souriraient et s'aimeraient jusqu'à en crever. Un rictus sur les emmerdes posé sur leurs visages. Josh Rouse. Songwriter inconnu aux chansons quotidiennes et pourtant tellement idéalisées, revient ici en grande forme.
"Quiet town", chanson d'ouverture et son intro arpégée sentent bon les "Dream a little dream of me" de Beautiful South, les "Everybody's talkin'" de Harry Nilsson… Autant dire la béatitude agaçante des gens heureux. Pas l'once d'une inquiétude, Josh n'a sûrement pas de cancer, pas de factures à payer. Simplement la joie de chanter le bonheur d'être un pueblo espagnole. Ou il a émigré depuis peu, quittant son Amérique natale. Bête et méchant, on imagine le songwriter dépressif et tourmenté. Et l'on découvre Josh Rouse, ses mélodies susurrées en bossa sur "Summertime", sentant bon la canicule et la brise de l'océan. Le timbre de voix rappelle Finley Quaye, sa nonchalance dans le micro, puis change sur "It looks like love", très Tahiti 80. Le garçon poli (morphe) énerve par la facilité à composer mélodies entêtantes et les têtes qui dodelines encore et encore.
Agaçant tout ce bonheur. On repense aux factures impayées pour sortir la tête de l'eau lumineuse. Décapotable et cheveux dans le vent, l'auditeur s'enfonce dans "La costa blanca", chanson immaculée instrumentale portée par des guitares aériennes et distordues très Holidays, dans le plus pur style Polnareff, pour les vieux connaisseurs.
Josh Rouse ne connaît sans doute pas Polnareff, mais possède néanmoins de sacrées qualités de compositeur. Il pousse le vice Josh, jusqu'à revenir aux productions 60' et 70' , claviers électroniques à l'appui sur "His majesty rides" pour un single évident de naïveté, un ad lib comme le Macca n'en a pas fait depuis "Yesterday", oh yes so far away… S'il suffisait aux songwriters américains de s'expatrier en terres ibériques pour sortir des albums aussi brillants, sans nul doute faudrait-il y envoyer Ryan Adams et son blues fadasse et une tripotée d'autres scribouillards sur guitares.
Josh Rouse, avec ce lumineux album, ne perd pas son combat contre les moulins espagnols. |