Chostakovitch String Quartets n°3 & n°8
(Aparté Music) janvier 2022
"J’ai voulu évoquer le combat de l’homme avec son destin et chanter la victoire de l’esprit, obtenue au prix de longs efforts d’un labeur persévérant". Chostakovitch.
Écouter la musique de Chostakovitch et ses contemporains en cette période ne peut avoir qu’une résonance particulière.
Le 16 décembre 1946, le Quatuor à cordes no. 3 en fa majeur, opus 73, est créé à Moscou. Il est interprété par le Quatuor Beethoven, à qui il est dédié. Comment expliquer que les autorités soviétiques firent beaucoup pour faire disparaître cette pièce des représentations publiques (en dehors des sphères privées) ? Pour continuer le travail de sape débuté notamment en janvier 1936 avec Lady Macbeth ? Pas pour le symbole de lutte entre le peuple et Staline dont ses autorités étaient bien incapables de déchiffrer mais le fruit de la doctrine d’Andreï Jdanov, idéologie culturelle du régime qui organisa une censure et une répression contre toute œuvre artistique s’écartant de la règle : choix d’un langage simple pour se rapprocher du peuple, valeurs positives, rejet total de l’Occident. Un but clair : établir une uniformité idéologique sur les intellectuels dans le climat de plus en plus dur de la guerre froide.
Chostakovitch a d'abord pensé à l'idée d'un programme en sous-titrant chacun des mouvements : "Inconscience calme du futur cataclysme", "Des grondements d'agitation et d'anticipation", "Les forces de guerre sont déchaînées", "Hommage aux morts" et "L'éternelle question : pourquoi et dans quel but ?". Mais il a vite fait disparaître ses indications, sans donner particulièrement d’explication...
1960. Autre période. Chostakovitch est en voyage à Dresde pour la composition de la musique du film Cinq jours, cinq nuits. Délaissant cette dernière, il va écrire en quelques jours son 8ème quatuor à cordes. C’est une œuvre foncièrement autobiographique : la présence du motif DSCH (les initiales de Chostakovitch) correspondant aux notes ré / mib / do /si, les très nombreuses (auto) citations...
Dans une interprétation maîtrisée et sensible, le Novus Quartet travaille le timbre, la palette de couleurs sonores et de nuances. Et se rappeler l’opposition entre Chostakovitch et Staline, le compositeur contre le dictateur, l’art contre l’inhumanité.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.