Monologue dramatique écrit et interprété par Hélios Azoulay dans une mise en scène de Steve Suissa.
Le compositeur, musicien et romancier, Hélios Azoulay porte sur scène un monologue éponyme adapté de son récit-roman publié sous le titre "Moi aussi j'ai vécu" inscrit dans le genre de l'autofiction.
Et il hybride la réalité autobiographique et, comme indiqué dans sa note d'intention, "la réinvention du réel par le burlesque" et "des sortilèges littéraires hallucinés" relatant notamment le parcours d'"un enfant heureux dans une enfance malheureuse".
La transposition théâtrale se traduit par une invitation au spectateur de s'immerger dans les limbes mnésiques, avec ce que cela comporte de télescopages spatio-temporels, d'un homme d'ici et maintenant qui se trouve projeté ailleurs et hier, à la manière du mécanisme cérébral déclenché par l'hypnose ou la cure psychanalytique.
Le déclencheur récurrent est constitué par la disparition-réapparition d'un père passe-muraille pendant l'enfance qui ouvre un album de famille avec ses figures proches dont, en tête et en majesté, celle magnifique - et magnifiée - du grand-père en sus substitut de la figure paternelle et au caractère de "mère juive".
Sous les belles lumières crépusculaires de Jacques Rouveyrollis et la direction de Steve Suissa, Hélios Azoulay officie avec un art personnel de la prosodie qui s'affranchit des codes de l'art dramatique pour privilégier une partition syncopée qui sied à sa forme kaléidoscopique.
Entre flux de pensée, souvenirs, vagabondages surréalistes et récit en adresse au public, il livre une quête mentale valorisant les émotions profondes du passeur de la parole et du ressenti de la conscience de soi dans une entreprise - réussie - de somnambule qui se risque sur le fil du funambule. |