"La beauté des laids se voit dans délai, délai"…You see colors, de Delays, pourrait commencer ainsi. Une voix qui miaule, a cappella, et ses violons en introduction horriblement 80', rappelant pour le pire A-Ha, ou pour le meilleur Cocteau Twins.
"You and me", premier titre, s'avère être un duel farouche entre l'auditeur et Delays, la raison et la passion. L'envie de détester et la tête qui dodeline malgré tout.
Au terme d'un combat frénétique entre la télécommande et les enceintes, c'est finalement Delays qui gagne la première partie.
Les quatre de Southampton produisent avec ce deuxième album un condensé de dance-rock music du meilleur effet, en dépit de la production putassière, des violons qui queen et des guitares très spinal tap.
"Valentine", qu'on le veuille ou non, s'avère être un tube en puissance, écoutable en toute circonstance. En deux mots taillé pour la danse. Voix suraiguës d'un chanteur sous hélium sur guitares heavy et long glissando à la basse,e Delays assument sans aucune honte ses penchants pour la chansons en dessous de la ceinture.
Le chanteur, à mi-chemin entre la voix éraillée de Rod Stewart et celle féminine de Dave Allen du groupe HAL, porte bien évidemment The Delays sur ses épaules sur nombre de chansons ("This towns religion", "Given time") et pourtant.. On résiste difficilement à "Too much in your life", volume maximum sur les enceintes qui crachent les guitares saturées. Il faudrait ici comparer Delays à tous ces groupes des années sombres, les 80' , pour retrouver une voix comparable, si aigue, pointue, soutenue par un groupe banal mais soudé.
Mieux vaut prendre Delays comme ils viennent, vierges de toute référence. Entre l'innocence et l'androgyne. L'image des Pet Shop Boys revient en tête, l'image incongrue d'un groupe pas sérieux pour deux pence. Loin des Infadels, Franz et consorts, la guitare entre deux chaises, l'une électro et l'autre rock,Delays préfère la cohabitation au choix. Et cloue le bec à ses détracteurs sur le final "Waste of space", avec son piano enfantin très Flaming Lips.
Une bulle de savon s'envole, les quatre anglais dedans, prêt à toucher le ciel si personne ne tente de la crever d'ici là. |