Spleen III
(Atypeek Music / Araki Records) juin 2022
Après deux EP, Spleen I et Spleen II, Fleur du Mal sort son premier album Spleen III. Il faut imaginer un mélange totalement réussi de shoegaze, de metal, de pop avec des paroles en français. Il faut surtout imaginer une force mélodique, une puissance électrique, un jeu de tensions et de détentes, de nuances, une intensité.
En trois disques, le groupe (Guillaume Jannin (basse, voix) et Yann Giraud (guitare, voix)) qui est pour ce disque devenu quatuor avec l’arrivée du batteur Erwan Colin et d’un second guitariste pour la scène s’est déjà construit un son, une identité sonore. Il n’hésite pas à prendre le temps de faire vivre, évoluer, épanouir sa musique, ne cherche pas à filtrer les émotions, travaille la profondeur, la densité sonore. Après "Paris, le Flore" d’Etienne Daho et Le lien défait de Jean-Louis Murat, on retrouve une reprise et pas de n’importe quelle chanson : "Le courage des oiseaux" de Dominique A. A découvrir absolument donc !
Nous avons proposé à Yann et Guillaume un petit jeu autour de quelques morceaux :
Eskimo - "Sirène"
Yann : C’est une amie, Marie. Son projet s’appelait Eskimo mais elle a décidé de changer de nom et poursuit sa route sous le nom de "Marie-Pierre". Apparemment, des gens lui ont dit qu’au Canada, son pseudo pourrait passer pour un acte d’appropriation culturelle. C’est dommage car, de ce que je sais, "Eskimo", c’est le nom que lui donnait son père quand elle était petite. Ça a une résonance sentimentale forte chez elle. Sa musique est un très bel exemple de ce qu’on peut faire en français avec des influences presque exclusivement étrangères. Marie adore Cate Le Bon, Deerhunter et plein de trucs plus expérimentaux, de la pop japonaise, etc.
Guillaume : Super titre et super artiste. Dans un monde idéal, elle cartonnerait à la place de Clara Luciani (sourire)…
Yann : Il faut dire qu’elle sort ses disques en toute indépendance. Elle a eu de super retours de webzines comme le vôtre mais elle peine à trouver un label. Forcément, au-delà de nos différences stylistiques, on se retrouve très fortement dans sa démarche : faire quelque chose en français qui soit assez loin de la chanson, et puis qui ne soit pas ancré dans une forme de réalisme cynique ou ironique. C’était le deal, au départ, quand Guillaume et moi avons commencé à discuter de ce qu’on voulait faire avec Fleur du Mal.
Big Thief - "Not"
Guillaume : Un très bel exemple de beau disque fagocité par un titre vraiment plus fort que le reste de l’album, voire de la discographie du groupe. Un peu comme "Roscoe" pour Midlake. Le titre contient une intensité énorme dans le son, les paroles, la composition, tu sens la rage qui a dû transpirer le premier jour où elle a sorti ça de sa guitare. On ne retrouve ça que très rarement dans la carrière de Big Thief. C’est peut-être voulu… Quand j’ai entendu ce titre, j’ai tout de suite eu envie de le reprendre et je le joue souvent sur ma guitare sèche.
Yann : Pour ma part, Big Thief fut mon dernier concert avant le confinement. Forcément, ça marque ! Je les adore. De tous les groupes apparus ces dernières années, dans la galaxie indie / folk / rock, etc., c’est sans doute celui qui me passionne le plus. Même leur dernier disque, que j’ai cru moins aimer à la première écoute, a fini par me convaincre. Big Thief, c’est une musique tellement organique… On sent qu’elle a germé spontanément, à partir de jams peut-être, ça flotte mais dans le bon sens du terme… je pense que c’est un peu l’inverse de ce qu’on fait. Avec Guillaume, on commence toujours par des maquettes, chacun dans notre coin, puis l’autre met son grain de sel, ses arrangements, ses parties de basse, de guitare, etc.
Guillaume : Je pense que je m’y prends un peu différemment de toi, Yann. Tout ce que je compose, même ce qui est sur Spleen III, ça sort de ma guitare sèche. J’ai des versions acoustiques de "Bergson" et "Silence" sur mon iPhone.
Yann : Avant, sur des projets plus pop, je ne composais presque qu’à la sèche, mais c’est vrai que ça n’est pas ma démarche pour FDM. Maintenant qu’avec l’album on a un vrai batteur, Erwan, et qu’en live on a Sébastyen à la deuxième guitare, on devient un vrai groupe de rock. Peut-être finira-t-on un jour par composer en répétition mais on n’en est pas encore là. Pour l’instant, notre son est basé sur une certaine rigueur, il y a bien sûr de l’interaction, mais à partir d’un canevas déjà prédéfini.
Converge - "Precipice / All We Love We Leave Behind"
Yann : À l’adolescence, j’étais vraiment un metalhead puis j’ai un peu renié cela vers 20 ans. J’écoutais des musiques que je pensais plus sérieuses - jazz, indie, etc. Converge est un groupe qui m’a fait comprendre que c’était une connerie absolue de vouloir comme ça séparer les musiques. Dans ce groupe, il y a tout, du metal, du punk / hardcore, de l’indie, du post-rock… Ces deux morceaux sont extraits de leur disque le plus abouti, selon moi. C’est ultra violent et ça te prend aux tripes en même temps. Je crois que j’ai entendu dire qu’ils avaient écrit "All We Love We Leave Behind" au sujet de la mort du chien de Jacob Banon. Tu sens vraiment la douleur du type. La lame rentre jusqu’à l’os. Ce degré d’émotion, on cherche à le retranscrire, notamment dans les parties "growlées" du disque, principalement interprétées par Guillaume.
Guillaume : Bizarrement, c’est le disque de Converge que j’ai le moins écouté. Je suis plus No Heroes mais ce titre est incroyable. C’est une esthétique qui me touche et qui n’existe que dans le hardcore, ce niveau d’émotion, de no bullshit, la "sanité" dans le malsain, comme une catharsis. C’est quelque chose qui, j’espère, transparaît de notre musique aussi. "Silence" par exemple est un titre qui accompagne un drame personnel pour moi. On a voulu lui donner une dimension universelle, j’espère que les personnes qui écoutent ce titre arrivent à se connecter avec cette intention.
Etienne Daho - "Paris, Le Flore"
Yann : On la reprend sur notre premier EP. C’était une idée de Guillaume d’avoir une reprise sur chacun de nos disques, qui constitue à la fois un hommage à un artiste francophone qu’on aime mais qui soit aussi totalement revisitée à la sauce Fleur du Mal. Ça nous a vraiment aidé à se construire un son.
Guillaume : J’avais proposé le concept d’une reprise par EP mais c’est Yann qui a eu l’idée de reprendre ce titre. L’idée de ces reprises est de montrer le pont existant entre la chanson telle qu’on la connaît et la musique rock / shoegaze / metal à travers les textes et les mélodies. Les fans américains de Nothing ou Deftones s’identifient au groupe notamment à travers les paroles. En France, c’est plus dur parce que ce n'est pas notre langue maternelle. Le choix du français dans notre projet vient de là. On aurait pu écrire en anglais mais ça n’aurait pas le même impact.
Yann : Sur l’album, c’est au "Courage des Oiseaux" de Dominique A qu’on se colle, ce qui était une idée de Guillaume depuis le départ. Il a revisité le morceau dans un genre "hard shoegaze", presque metal alternatif à la Deftones. On l’avait sous le coude dès le premier confinement mais on savait qu’on allait la garder pour l’album car c’est un morceau très sombre qui s’intègre aussi bien qu’une composition originale à l’esprit du disque.
Deafheaven - "In blur"
Yann : Ah ah ah. C’est très drôle que ce soit ce morceau que tu nous proposes car si Deafheaven est sans conteste l’une de nos plus grandes influences, ce dernier album nous divise un peu. Guillaume l’a beaucoup apprécié, moi beaucoup moins. Ce que j’adore chez Deafheaven, c’est qu’à l’instar d’Alcest, ils ont proposé un pont inédit entre rock indépendant et metal, en mélangeant la furie du black et le côté rêveur du shoegaze. En devenant avec leur dernier album Infinite Granite un pur groupe de shoegaze, Deafheaven perd pour moi de son charme. Surtout, je ne retrouve pas des compositions aussi fortes que chez des groupes comme Nothing ou Diiv qu’on adore vraiment… Mais au-delà de ma déception sur ce disque, j’aime énormément de choses chez ce groupe : leur attitude, leurs qualités de musiciens, la manière dont ils tiennent leur cap malgré tous les critiques de trve black metalleux. Notre volonté de partir d’un projet en duo à la constitution d’un vrai groupe, je pense que ça vient un peu d’eux. C’est ce que George Clarke et Kerry McCoy ont fait…
Guillaume : C’est sûr que c’est très différent de ce qu’ils ont fait par le passé et personnellement, ça ne me fait pas autant vibrer que "The Pecan Tree" ou "Baby Blue" mais ce titre est très fort dans son côté hommage (l’intro façon Smiths, le rythme baggy, les grosses guitares à la Smashing Pumpkins) et post / moderne (les samples à la M83, le pré refrain très aéré avec les toms, etc.). Infinite Granite est vraiment sur cette ligne permanente et ça fonctionne à mon sens terriblement bien. Ces morceaux peuvent aussi bien apparaître sur une playlist shoegaze classic que dans une série Teen sur Netflix.
Sur Spleen III, même si tu entends bien les influences, on a fait en sorte de toujours être sur cette ligne de crête ni trop vintage, ni trop moderne non plus. Au final, quand j'y réfléchis bien, ce qui me manque le plus dans leur nouvelle direction musicale, c'est le côté heavy metal, les solos de guitar héro, les riffs en mosh tous bêtes.
Mon morceau préféré d’eux, c'est "Baby Blue" sur New Bermuda et j'aurais bien aimé un ou deux clins d'oeil à cette époque. Concernant le fameux dernier titre et son final black metal, j'ai une théorie. Je pense que c’était le premier titre qu'ils avaient pour ce disque, quils ont voulu le garder parce qu'il est objectivement très bon mais comme tous les autres morceaux étaient très différents, ils l’ont mis à la toute fin. C'est peut-être faux mais je préfèrerais que ça se soit passé comme ça plutôt que "hey les mecs, nos anciens fans vont faire la gueule, on va leur remettre un peu de notre ancienne formule mais en toute fin d’album, sinon ce sera chelou". On vous déjà dit qu’on aimait pas le cynisme ? (sourire)
Neurosis - "A sun that never sets"
Yann : Énorme influence en ce qui me concerne. Leur concert au Bataclan en juillet 2019 m’a mis une énorme claque. Comme Converge, c’est un groupe qui m’a rabiboché avec le metal. Pour moi, ce sont les Mogwai du genre. Ils sont cette intégrité sans faille que j’apprécie particulièrement. Et puis quand ils sont bons, leur musique est magique. Tu passes du sol aux étoiles en moins de deux. Par rapport aux autres groupes de "post-metal", un genre qu’ils ont quand même plus ou moins inventé, ce que j’aime chez eux, c’est qu’il y a un aspect folk rugueux au cœur de leur musique. Pas étonnant que Steve Von Till et Scott Kelly fassent des reprises de Townes Van Zandt. Ce sont un peu les Mark Lanegan du genre, avec leurs voix habitées, même s’il faut bien avouer qu’ils n’ont peut-être pas la même technique vocale. Au cœur de Neurosis, il y a deux songwriters qui ont sans doute composé leurs morceaux sur une guitare acoustique et comme le disait Guillaume plus haut, c’est le cas d’une partie de nos chansons, aussi…
Guillaume : Grosse influence du projet là encore. Jusqu’à ce que Yann me fasse découvre ce disque, j’étais bloqué sur le triptyque Soul at Zero, Enemy of the Sun, Through Silver in Blood (surtout celui-là, avec "Locust Star") mais c’est en les voyant en concert au Bataclan que j’ai pris la dimension de leur musique post 90’s et de l’émotion qui s’en dégage lorsqu’ils laissent l’agressivité de côté pour ne garder que la mélancolie. Mogwai avait dit que "We are no Here" sur Mr Beast, c’était du Neurosis, maintenant je comprends ce qu’ils voulaient dire.
Antonio Carlos Jobim - "Children's Games"
Yann : Tu l’as choisi pour le titre de l’album ? J’ai développé ces dernières années une profonde admiration pour la musique brésilienne, que ce soit la bossa nova de Jobim ou la musique pop brésilienne de Caetano Veloso, Jorge Ben ou Gal Costa… je crois pouvoir affirmer qu’à l’heure actuelle, ça n’a absolument aucune influence sur la musique qu’on fait avec Fleur du Mal !
Mais si tu veux absolument que j’établisse un pont avec ce qu’on fait, je dirais que la pop brésilienne, c’est l’exemple parfait de la raison pour laquelle on tient au français comme langue d’expression. On est tous les deux très bons en anglais. On aurait pu se lancer là-dedans dans la langue de Shakespeare mais on a senti très spontanément qu’on pourrait créer une fusion plus intéressante en ne chantant pas dans la langue des groupes qui nous influencent le plus. Je pense qu’à court terme, ça peut jouer contre nous car il y aura toujours des gens qui bloqueront sur la voix, mais je pense que c’est le ferment de notre projet, notre raison d’être.
Guillaume : Je n’y connais rien, je découvre et c’est cool. Peut-être un prochain achat en vinyle. Je n’ai pas trop grand-chose de plus à dire (sourire).
Yann : La quantité de musique qu’on s’est fait découvrir mutuellement depuis le début du projet, ce n’est pas croyable. Par exemple, je n’avais pas du tout cette culture "emo" et je n’avais presque pas écouté Deftones avant qu’on commence. Depuis, c’est devenu l’un de mes groupes préférés ! On absorbe une quantité et une diversité de musiques énormes, à nous deux, mais ce qui est super, avec ce projet, c’est que ça reste hyper focalisé sur un son qu’on s’est bâtis tout en incluant à la marge nos multiples influences.
Athanase Granson - "L’Opium"
Yann : Ah, ben, on y est de nouveau… de la pop très internationale, mais chantée en français. Je vais t’avouer : j’entends cette chanson pour la toute première fois et même s’il me semble avoir déjà entendu ce nom quelque part, c’est la première fois que j’écoute quoi que ce soit de cet Athanase Granson. J’entends une fusion entre une chanson française aux accents jazzy et des influences psychédéliques. On n’est pas super loin d’Aquaserge, d’une certaine esthétique "Souterraine". Lorsque j’avais un groupe pop qui s’appelait Porco Rosso, je me projetais dans ce genre de scène. Plus trop maintenant, à vrai dire. On s’identifie plus à des groupes post-rock et shoegaze comme Dead Horse One, Paerish, etc. Dernièrement, cependant, on a un peu flashé sur Park, le groupe qu’a formé François Atlas avec Lysistrata. On retrouve chez eux ce mélange entre chanson, indie et noise. Et puis Clara Griot, qui a fait notre clip, "Silence", a monté l’un de leurs clips.
Guillaume : Je ne connaissais pas, j’aime bien. Il y a un vrai côté Tame Impala actuel avec beaucoup de reverb, une basse pas trop gainsbourg et des synthés pas trop kitsch. Je suis assez fan de ce type de musique, de surcroît en français, mais je suis souvent déçu en live, soit c’est trop spectacle comme l’Impératrice ou La Femme, soit les mecs ne savent pas trop ce qu’ils font sur scène et regardent leurs pieds en essayant d'avoir l’air détaché. Le groupe de pop française que j’écoute et vais volontiers voir en concert c’est Feu! Chatterton eux ils ont le son, les compos, le charisme.
Cult Of Luna - "Leave me here"
Guillaume : Même si j’aime beaucoup ce groupe, je n’avais jamais écouté ce titre ni cet album avant. J’adore ! La rythmique très syncopée du début est folle, ce passage très calme au milieu, épique mais pas trop (plus Mogwai, ISIS que Mono, quoi…), on leur a un peu piqué ça dans notre musique. Un morceau comme 180 avec des gros riffs et des passages très calmes est clairement influencé par Cult of Luna.
Yann : Et puis, il faut signaler que Magnus Lindberg, le sound guy de Cult of Luna, a masterisé notre disque ! C’était l’idée au départ d’avoir un son plus gros, plus tranchant, plus proche du post-metal que du shoegaze qui avait caractérisé nos premiers EPs. Un ami qui joue de la guitare dans un groupe français de black metal m’a conseillé de bosser avec Étienne Sarthou, qui fut batteur et membre fondateur d’Aqme mais qui évolue depuis dans divers groupes de metal extrême qu’on aime beaucoup : Karras, Freitot et Deliverance.
Au départ, on pensait réaliser le disque nous-mêmes et on avait juste besoin de quelqu’un pour enregistrer les parties de batterie. Dès qu’on a rencontré Étienne avec Guillaume, on a su qu’on ferait plus que ça avec lui. On lui a donc proposé, en plus de la batterie, d’enregistrer les voix et de faire le mixage mais ça ne s’est pas arrêté là car il a été force de proposition pour les claviers et certains arrangements. On peut donc dire qu’il est co-réalisateur du disque.
Le truc cool avec Étienne, au-delà du fait qu’il te fait taffer comme un dingue, c’est qu’il ne nous a pas poussés dans notre tentation "metal". Il pense que ce qui fait la force de notre groupe, c’est ce mélange entre rock, metal et chanson française. Il apprécie qu’on se situe dans cette tradition là et s’il nous aide à avoir un son percutant, il ne cherche pas à faire de nous un pur groupe de post-metal. Il a lui-même des goûts très éclectiques et en ce moment, il est à fond dans la scène garage / psyché avec des groupes comme Oh Sees ou King Gizzard. Il aime les claviers analogiques, l’électro des années 70s et du début des 80s. Et bien sûr, il a une culture metal de malade. C’était donc génial de bosser avec lui et, bien sûr, c’est lui qui nous a mis en contact avec Magnus, qui masterise toutes ses productions …
My Bloody Valentine - "Soon"
Guillaume : Ce son de clavier distordu et détuné on en a usé et abusé sur les 2 premiers EP. A l’époque, j’avais 2 disques de référence pour les sons électro du projet : Streetcleaner de Godflesh pour les rythmiques et Loveless pour les synthés. Les gens nous comparent volontiers à M83 (qui a popularisé ces sonorités) mais jamais à My Bloody Valentine alors que ce sont eux les précurseurs.
Yann : Crois-le ou pas mais jusqu’à sa récente réédition en vinyle, c’est peut-être le disque de Shoegaze que j’avais le moins écouté parmi les grands classiques du genre, ceux de Ride ou de Slowdive ! Je lui trouvais un aspect intimidant, comme si c’était à ce point "important" que ne pas l’aimer viscéralement passait pour une faute de goût impardonnable. J’ai ces dernières années pas mal révisé mes classiques, y compris des groupes moins célébrés comme Chapterhouse, Catherine Wheel et Swervedriver mais au départ quand on a fait Fleur du Mal, c’était plutôt la scène récente qui nous influençait : Nothing, Diiv, The Pains of Being Pure at Heart, etc. plus tout le côté Shoegaze des groupes de post-black comme Deafheaven et Alcest.
Au début, on n’avait même pas pensé à mentionner "Shoegaze" dans notre style. Ce sont les potes de Dead Horse One qui nous ont fait remarquer à quel point notre son était ancré dans ce genre… On a alors été repéré par des radios spécialisées dans ce style comme DKFM qui sont hyper réactives et dénichent des dizaines de groupes Shoegaze par mois. Ça a énormément contribué à nous constituer un early following. Il y a vraiment une internationale du Shoegaze.
Guillaume : Clairement, l’intro de "Regrets", les "Aube I" et "Aube II", "Soleil", sur nos deux premiers EP, c’est un gros hommage pas du tout déguisé à Loveless.
Yann : Cette esthétique "shoegaze", elle est moins présente sur Spleen III, du moins, c’est ce que je perçois… On ne voulait pas se laisser enfermer dans un style ou dans une communauté donnée et puis, surtout, on voulait durcir le ton avec ce disque. Mais ça reviendra forcément car c’est dans l’ADN du groupe.
Notre Dame qui renaît de ses cendres, la fête des lumières à Lyon, le spirituel est partout en cette quasi veille de Noël. Mais ce qui nous illumine chez Froggy's, c'est la culture ! Voici notre petite sélection hebdomadaire à partager avec vous !