Monologues dramatiques de Fabien Le Mouël, mise en scène de François Rimbau, avec Harold Crouzet, Fabien Le Mouël et Florian Velasco.
Avec "Fragments d'Hommes", pendant masculin de ses "Fragments de Femmes" qui toutefois était articulé sur le thème de l'amour, Fabien Le Mouël dresse, avec la même sagacité, un panorama de la condition masculine contemporaine.
Et ce par la voie de l'assemblage d'une pluralité de textes afin, comme indiqué dans sa note d'intention, de "mettre en évidence des tensions qui conditionnent notre rapport aux idéologies et représentations".
Usant de la vaste palette de registres dramatiques, de l'humour à l'émotion, il combine, en résonance avec thèmes objets de débats et de revendications, des focus sur des parcours individuels illustrant le malaise existentiel des hommes d'aujourd'hui au regard des modèles normés et des injonctions tant sociétales, politiques et culturelles que familiales relatives aux dogmes de la masculinité et de la virilité.
Révélatrice d'une perception intelligente de la fragilité de l'humain qui concerne également les hommes dont certains sujets aux maux et exactions identiques à ceux subis par les femmes dans une société à la dérive, son écriture sensible réussit, avec un réalisme parfois transcendé de lyrisme, et sans verser dans le réductionnisme ni dans le pathos victimaire, cet exercice décliné en brefs soliloques, dont certains sublimes telle la déclaration d'amour, confessions cathartiques et récits-témoignage.
De nouveau à la mise en scène et avec une scénographie limitée à la combinaison protéiforme de trois cubes lumineux, François Rimbau orchestre la partition composite avec maestria pour un enchaînement fluide en optant pour la polyphonie et un quasi-cinétisme irrigué de judicieux inserts musicaux tel l'air de la chanson "Mourir sur scène" pianoté sur mélodica.
Ainsi, en solo, en duo ou trio, trois comédiens vêtus de noir à l'identique campent près d'une trentaine de personnages confrontés à leur être intime et, le cas échéant à ce qui est nommé leur différence, à la dualité amour/désir et, face à la gent féminine, au positionnement au regard du rôle assigné entre l'homme-héros et le prince charmant des contes de fées.
En synergie et en choralité, Fabien Le Mouël, Harold Cruzet et Florian Velasco dispensent avec une justesse de jeu émérite cette ode à l'auto-détermination de soi, et implicitement non pas à une tolérance condescendante mais à la convivialité quintessence de la vie en société, et manifeste de résistance. |