Monologue dramatique écrit et interprété par Gabriel Marc dans une mise en scène de Guila Braoudé. Le comédien Gabriel Marc a conçu une partition monologale consacrée à Jacques de Bascher, sans doute inconnu du grand public actuel hors, peut-être, les plus de cinquante ans et encore ceux qui s'intéressent au Tout Paris mondain à travers les siècles.
En effet, jeune, séduisant et dilettante homosexuel confit dans l'oisiveté, le narcissisme et la quête permanente du regard des autres, sa naissance en 1951 a permis à Jacques de Bascher de vivre à l'époque rétrospectivement considérée comme bénie des eighties.
Plus précisément pour les figures médiatisées de la jet-set, les "happy few" des années Palace "sex, drugs and alcool" dont la vie était présentée comme une fête permanente, de celle qui étourdit pour occulter la vacuité, existentielle et sans doute la mort qui et ce, de manière quasi visionnaire en l'espèce, allait prendre le visage du sida dont il comptera parmi les premiers décimés.
Jacques de Bascher voulait être un dandy rivalisant avec ceux du 19ème siècle et des salons proustiens des Années Folles, tel le fameux Robert de Montesquiou, pour laisser sa trace et une oeuvre l'inscrivant dans la mémoire de hommes et dans l'Histoire.
Alors il fait sa diva et son cinéma, plus proche du Alexandre de "La Maman et la Putain" de Jean Eustache que du von Aschenbach du "Mort à Venise" de Luchino Visconti, car, dépourvu de tout talent artistique, il n'avait pas les moyens de son ambition et ne pouvait donc qu'en revêtir le costume et ne s'illustre que dans un rôle d'utilité auprès de célébrités à la notoriété établie.
Ce qui ressort du journal intime de l'intéressé enregistré sur bandes magnétiques qu'a exploré Gabriel Marc pour, indique-t-il dans sa note d'intention, construire une tragédie à partir des confessions et des fulgurances de lucidité de l'intéressé sur ses rêves, ses névroses, ses désillusions et sa profonde solitude. Mais également pour approcher le drame intime d'un homme en quête d'amour qui existe derrière son masque de personnage à la mode dont il deviendra prisonnier.
Tout comme la scénariste et réalisatrice Guila Braoudé assurant la mise en scène qui indique appréhender ce parcours de vie à l'aune d'un "souffle romanesque inattendu", celui lié au "mourir d’aimer" pour le "Kaiser de la mode".
Misant sur cette dualité dramatique et la fascination qu'exerce ce genre de figure, Gabriel Marc réussit son entreprise en proposant, sans verser dans la facilité graveleuse, un tissage de soliloques, inserts narratifs et bribes de dialogues pour dresser, hors de sa caricature de drama-queen, l'envers du décor de l'homme se retrouvant seul face à lui-même et à la désolation. Et dans un décor efficace d'Erwan Rio, quelques objets mobiliers dont une étonnante baignoire-canapé et images d'archives, et la création lumière de Jérôme Peyrebrune, il incarne parfaitement ce feu-follet frénétique qui s'est brûlé les ailes aux feux de la comédie mondaine.
|