Du 24 au 26 juin dernier avait lieu le festival Rétro C Trop à Tilloloy, dans le département de la Somme, à environ 1 heure de route de Paris par la A1.
Après la soirée du samedi, orientée rock, qui réunissait Manu Lanvin, Seasick Steve, Satus Quo, Rival Sons et se terminait en apothéose avec le show d'Alice Cooper, c'était plutôt le programme du dimanche, en grand revival eighties, qui éveillait notre intérêt.
Tout d'abord, ce festival qui fête sa 5ème édition se déroule sur un site très agréable, verdoyant, dans le parc du château de Tilloloy, belle bâtisse en briques rouges de XVIIe siècle. Un nombre important de tables est mis à disposition des festivaliers qui ne sont que 5.000 par soir, c'est-à-dire persque 2000 spectateurs de moins que le Zénith de Paris. Autant dire que par rapport à l'obésité de certains festivals d'été, celui-ci, avec sa thématique rétro, reste à taille humaine.
Cette journée du dimanche 26 juin aurait dû débuter avec From The Jam, la reformation de The Jam qui tourne depuis 2007, sans Paul Weller mais avec Foxton et Buckler. C'est finalement Little Bob Blues Bastards, en remplaçant de luxe de dernière minute, qui ouvre le bal. Little Bob, 77 ans au compteur, soit 3 de plus que le vétéran Alice Cooper la veille, tient la scène avec conviction. Pas de manières pédantes chez ce grand monsieur increvable du rock hexagonal. Il y a eu quelques changements dans la composition du groupe, avec un nouveau batteur qui tape fort, et un clavier nouveau venu en remplacement de l'harmoniciste Mickey Blow, ancien complice de Johnny Thunders, Dick Rivers ou encore Alain Bashung. Mais les fidèles Bertrand Couloume à la contrebasse et "Gillou" Mallet aux guitares encadrent toujours le rocker havrais. Le set, plus rock que blues, revisite toute carrière de Little Bob, des débuts avec "Riot in Toulouse" ou "High Time" au dernier album avec "We need hope", sans oublier quelques classiques, "Lost Territories" de 1993 ou "Ringolevio" de 1987. Increvable, toujours heureux sur scène, Little Bob est une valeur sûre qui a su, en début d'après-midi, retourner le public.
Après trois quarts d'heure de battement, le festival se déroulant sur une seule scène, ce sont les Undertones qui prennent possession du site. Reformés au début des années 2000, avec Paul McLoone en lieu et place de Feargal Sharkey à la voix, les Irlandais enchaînent les singles dès le début du set : "You've got my number", "The Love Parade", "Jimmy Jimmy", puis rapidement "Teenage Kicks"... Le concert est solide, Paul McLoone assure le show et les frères O'Neill aux guitares sourient comme des gosses, néanmoins le son de façade, très aigüe ne permet pas d'apprécier le concert dans les meilleures conditions.
Puis vient le tour d'OMD. En entrant en scène, Andy McCluskey s'adresse au public : "Vous avez eu du blues-rock, puis de la punk-pop. Maintenant, c'est de la synth-pop. Nous sommes Orchestral Manoeuvres In The Dark". Le concert, encore une fois, se présente sous forme de best of : "Electricity", "Tesla Girls", "Locomotion"...
Lorsque Paul Humphreys revient derrière son clavier après avoir chanté "Souvenir" en devant de scène, Andy s'adresse au public : "La preuve que Paul vous aime, c'est qu'il a gardé ses lunettes pour mieux vous voir". Andy continue de sauter et de courir d'un bord à l'autre de la scène malgré son 63ème anniversaire fêté deux jours auparavant. En dernier titre, les pionniers de la synth-wave, qui en début de carrière avaient ouverts pour Joy Division, choisissent "Enola Gay", leur plus gros succès en France. Le plaisir est total pour le public.
Le soleil continue de briller lorsque Madness vient à son tour égrener ses tubes. Très attendu par le public, le groupe de pop / ska débute très fort avec "One Step Beyond", histoire de mettre tout le monde d'accord. Madness n'avait plus joué en France depuis une date à Montpellier en 2018, alors "Chrissy Boy" Foreman, guitariste du groupe, ne manque pas une occasion de s'adresser au public avec les quelques mots à son répertoire, tandis que Lee Thompson, "Kix" au saxo et l'emblématique fès rouge du groupe vissé sur la tête, multiplie les blagues. Cependant, après une demi-douzaine de titres, Madness s'enfonce dans un tunnel de titres plus récents et perd un peu son public. Le groupe propose un show professionnel mais qui manque un peu de vraie folie malgré les blagues de Graham "Suggs" McPherson. Heureusement, le concert se concert sur les chapeaux de roue avec l'enchaînement de "Baggy Trousers", "Our House", "It must be love", "Madness" et "Night boat to Cairo".
Après une pause sur la toute petite scène de l'entrée du festival en compagnie de Goodbye Meteor, un bon groupe de post-rock d'Amiens dans la veine Mogwai, c'est au tour de Simple Minds d'entrer en scène.
Et c'est un énorme show. Certes, il ne reste plus que Jim Kerr et Charlie Burchill du groupe original, mais ils ont su s'entourer de jeunes musiciens qui assurent autant au niveau musical qu'au niveau spectacle. Parmi eux, la batteuse Cherisse Osei, qui a joué avec Mika ou Brian Ferry, tape fort tout en amenant une touche de glamour.
Le son est puissant. Jim Kerr et Charlie Burchill arpentent la scène vont vers le public et abusent volontiers des clichés de festival pour se mettre le public dans la poche. De plus, le light show est une vraie machine de guerre.
Annoncer une tournée qui s'intitule "40 ans de hits" pour un groupe dont les chansons populaires vont de 1982 à 1992, c'est peut-être un peu exagéré, mais ils mouillent la chemise, et comme Little Bob, OMD ou The Undertones, ils prennent visiblement plaisir à jouer ensemble. "Belfast Child" a toujours été et demeurera une sinécure, mais "Someone Somewhere In Summertime", "Glittering Prize", "Waterfront", et même "She's A River" rattrapent l'attention du public. En fin de set, "Don't You (Forget About Me)", étiré à l'envi fait chanter le public. Enchaîné rapidement avec "Alive & Kicking" et "Sanctify Yourself", l'effet est diablement efficace.
Ces prochaines années, on restera attentif à la programmation de ce festival très agréable, à taille humaine et très bien organisé.
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