Ce samedi à Beauregard s'annonce comme la grosse journée du festival. D'abord, la présence très attendue d'Orelsan fait que c'est la journée qui a affiché le plus vite complet de l'histoire du festival, et aussi celle dont les billets se sont vendus le plus en avance, mais aussi parce qu'il n'y a pas qu'Orelsan à l'affiche ce jour-là.
La journée commence avec les Normands de Cannibale, formation qui a déjà sorti deux albums de "tropical rock" sur l'excellent label Born Bad Records. Leur rock teinté de calypso se révèle très agréable en plein soleil et malgré la chaleur. Belle découverte !
C'est ensuite Goat Girl qui prend la scène John, à l'autre bout du site. Le rock enfumé des quatre jeunes femmes anglaises et du clavier bénéficie d'un peu d'ombre, et c'est tant mieux. Leur pop-rock atmosphérique aux rythmes lents tarde un peu à s'amorcer. Peut-être à cause de l'horaire ou de la chaleur, mais petit à petit on rentre dans leur set et la magie opère. Ce sont donc plutôt les chansons interprétées en fin de set qui ont eu la faveur du public ce jour : "Viper fish", "Where do we go from here ?" et bien entendu "Sad Cowboy".
Je laisse de côté Fishbach, déjà vue à Paris et dont le set ne m'avait pas particulièrement intéressé, pour revenir à l'espace presse où est prévu un échange avec Goat Girl. Je loupe donc le début du set de Sleaford Mods, groupe que je ne connaissais pas encore sur scène. Andrew Fearn, short, casquette et longue barbe grise, lance le son sur l'ordinateur portable et danse à côté de la machine, tandis que Jason Williamson au chant vitupère à grande vitesse dans le micro. C'est en les voyant en scène que je me suis rendu compte à quel point ce duo est la suite, en plus abrupt, en plus minimaliste, mais tout aussi punk et politique, d'un autre duo hors-norme, Carter The Unstoppable Sex Machine. En tout cas, le duo et le public jubilent. Grosse performance jouissive pour les deux lads de Nottingham.
On enchaîne aussitôt avec Skunk Anansie. Skin, en majesté, costume méphistophélique, se lance dans le concert comme sur un ring. Dès le second morceau, elle descend dans le public au milieu d'un pogo sage et respectueux. Cette date était l'une des toutes dernières d'une tournée européenne qui a duré plusieurs mois pour Skunk Anansie. Le groupe des années 90 n'a rien perdu de sa rage ni de son intensité, tout en conservant cette capacité à tisser des mélodies et pour Skin de faire montre d'une voix exceptionnelle. Ce concert a été, pour moi, le plus généreux et le plus spectaculaire de la journée.
Dès lors, difficile de continuer avec Metronomy, groupe que j'ai toujours trouvé un peu fade. Comme le dit Astrid de TOOOD, "de la musique pour happiness manager de startup". Même si ce concert de Metronomy m'a semblé plus enlevé que les précédents qu'il m'avait été donné de voir, et que la setlist a plu aux amateurs, je reste dubitatif devant ce groupe.
C'est ensuite le retour du fils prodigue en sa patrie caennaise. Le site est sursaturé. Il est impossible de s'approcher même un peu de la scène tellement tout le monde présent sur le festival se presse devant la foule. Une "fête de famille" pour Orelsan. L'ambiance est à son maximum. Il parle beaucoup avec son public. Lorsque sur "Simple Basique", il interrompt la chanson pour tancer le public, comme lors de la tournée précédente, à Caen il sort "Mais ça va pas. Vous êtes mous. Pas étonnant que Liam Gallagher se soit tiré hier soir", déclenchant les huées complices puis l'hilarité de la foule. A titre personnel, petite déception sur la version live de "L'Odeur De L'Essence", mais enthousiasme complet sur "La Terre Est Ronde". Le concert se termine avec la projection des noms des musiciens, producteurs, et remerciements en générique en fond de scène. Et même si le concert devait se terminer 5 minutes avant le suivant, Orelsan reste sur scène jusqu'à la dernière seconde, en osmose avec son public.
Difficile ensuite pour Gusgus d'occuper le créneau suivant. Biggi Veira, le DJ du collectif, lance doucement les rythmes, en attendant que la foule parvienne à s'extraire de la scène où a joué Orelsan. C'est uniquement lorsque le public est suffisamment présent qu'il lâche les basses. Le concert se déroule dans des conditions peu habituelles pour Gusgus, plus habitués à des salles de concert, essentiellement composées d'un public masculin et gay, ou de festivals techno qu'à un public divers de festival plutôt orienté rock et variété. Mais, pour avoir à de nombreuses occasions eu l'occasion de voir Gusgus, Biggi est un DJ qui sent le public, sait à quel moment ralentir et à quel moment relancer le rythmes ou les basses. Daníel et la nouvelle venue, Margrét, mélangent leurs voix. Daníel, dans une superbe combinaison motif rideau-à-fleurs danse comme il en a le secret. A la fin, le public, même fatigué, même un peu ivre, acclame le trio islandais.
C'est sous les basses puissantes et les rythmes survitaminés de Vitalic que je quitte le site après une journée particulièrement dense.
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