Comédie dramatique de Michel Marc Bouchard, mise en scène de Vincent Marbeau, avec Lydie Rigaud, Léonard Barbier, Vincent Marbeau et Milena Hernandez.
"Tom à la ferme", un titre bucolique pouvant laissder accroire à une bluette champêtre et à la boboterie de décroissants contemporains n'était son signataire, qui lui-même le qualifie lui-même de trompeur.
Car s'agissant d'un opus du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, il est aisé de présumer une comédie dramatique qui, en l'espèce, s'avère un drame absolu car sous emprise du tragique et à l'imprévisible dénouement.
Et ce au terme d'une partition complexe quant à la pluralité de thèmes abordés de manière constellationnaire autour de celui de l’homophobie ainsi qu'à sa structure tant formelle, par sa composition en tableaux, que textuelle par l'imbrication d'insert narratif, de dialogue et de monologue intérieur et une dramaturgie syncrétique entre le genre du mystère, le théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud, le néo-réalisme psychologique de Tennessee Williams, le néo-brutalisme "In-Yer-Face", et le théâtre de la parole de Jean-Luc Lagarce.
Le personnage-titre, un jeune citadin, aux prises dans le cadre d'un huis-clos délétère avec la famille paysanne - une famille sans père et au demeurant dysfonctionnelle - de son compagnon décédé, se trouve confronté non seulement à un choc culturel, face à une ruralité profonde et frustre, mais à un choc existentiel résultant simultanément d'une falsification et de la découverte du réel.
Un réel qui, non dans l'anomie d'une métropole avec une communauté-lobbysante mais un microcosme dans lequel toute déviance à une normalité géographico-identito-culturelle entraîne une hostilité qui se manifeste au mieux par la ségrégation au pire par l'exclusion, et face à un secret de polichinelle, a conduit la mère dans une feinte ignorance teintée de mysticisme et le fils aîné dans une stratégie du mensonge allant jusqu'à la mystification pour sauvegarder l'honneur familial.
Pour la mise en scène, Pour la mise en scène, au demeurant réussie par une compréhension intelligente du sujet et du propos singulier de l'auteur, si Vincent Marbeau annonce la ligne directrice d'"une tragicomédie de mensonges dévoilés, de répression et de violence dans le cadre de la société d’aujourd’hui" au niveau du ressenti spectatoriel, prime la violence d'un relationnel sous obédience de doubles contraintes, notamment celles domination/soumission et attraction/répulsion.
Et efficacement incarné par les officiants : Vincent Marbeau percutant dans le rôle-titre, Lydie Rigaud crédible dans la déploration maternelle, Milena Hernandez en fausse petite amie, et Léonard Barbier époustouflant en "redneck" ambigu. |