En 1995 le premier album de Lulu Borgia s'intitulait Luxe, bordel et voluptés. En 2001, sort Turbulences et dépressions, puis en 2003, Chair publique un live encensé par la presse spécialisée. Enfin, en 2006, voici Tohu-Bohu.
Pour ceux qui la découvrent, elle a une drôle de bouille Lulu Borgia sur la pochette de son album. On dirait le Petit Prince mâtiné de Poil de Carotte qui aurait décidé de devenir rock star !
Et il y a sans doute un peu de cela. Chanter ce qui est invisible pour les yeux.
Les premières mesures de la première chanson "Je te viens" vous prennent au cœur, à la tête et au ventre. Tohu Bohu ne vous lâchera pas.
Car Lulu Borgia, "un sang battu d'Irlande où dansent des globules rouge basques", a un sacré tempérament et une sacrée voix avec lesquels elle nous entraîne dans un univers à sa démesure.
Un univers né de la symbiose parfaite de son univers et de celui de Jean-Pierre Goblin auteur de textes magnifiques d'une écriture belle, ciselée, poétique, qu'elle a mis en musique en créant des compositions rock acoustique étonnantes, baroques et luxuriantes qui savent se faire subtiles et délicates et restent toujours tendues d'une émotion dense et magnétique.
Entourée de Jérôme Gauthier (guitare), Etienne Vauthier (claviers), Bruno Giglio (violon), Nicolas Wurtz (basse) et Julien Audigier (batterie), Lulu Borgia se forge une vraie identité musicale.
Avec "Le Bonheur d'à côté" écorché et son violon déchirant, le "Passages" intemporel ("Par les marches où l'escalier s'enrêve/Au sensuel ascenseur de nos fièvres/A l'hôtel où brillent les amours brèves/Je monterai"), la paroxystique traversée de Paris de "Parisside ?" ("Arrachez-nous Paris, elle vous crèvera le coeur"), l'inspirée "Elle demande du feu" ("J'voudrais me consumer dans les flammes/D'une chanson folle et qui porte/Les mots qui se clament et qui crament/Les lieux communs derrière les portes"),
Avec le martelant "La chance et la poisse" ("Ne pleure pas quand s'effondrent/Tes châteaux en Espagne/Derrière les ruines immondes/Y'a l'pays de cocagne"), l'émouvant "Du chien à la chienne", "La chanson de Bascoulard" ("Ca fait bien dix secondes/Qu'il t'a foutu la gueule par terre/Comme un mouton avant la tonte"),
Avec le gothique "Un temps médiéval", l'épique "Hokusaï", le tubesque "Je baise mes mots" ("J'aime les mots qui roulent en vrac/Sur le tapis rouge de ma langue/Les mots-caresses, les mots d'attaque/Les mots qui se courbent et se tendent"),
Avec 14 pépites qui nous emmènent derrière le miroir des passions c'est un sans faute. |