On aime aussi parler d’ouvrages publiés dans de petites maisons d’édition chez Froggy’s Delight, encore plus quand elles nous embarquent dans des contrées lointaines. C’est donc les éditions Vendémiaire qui nous proposent un texte fondateur de la littérature japonaise avec l’ouvrage de Fumiko Hayashi, intitulé Vagabonde.
Fumiko Hayashi fut sans doute l’une des romancières les plus populaires de la première moitié du 20ème siècle. La plupart de ses œuvres ont été adaptées au cinéma par le grand réalisateur Mikio Naruse.
Quand elle écrit Vagabonde, Fumiko Hayashi est âgée d’à peine 25 ans. Le succès phénoménal de ce journal romancé, qui fait l’objet d’un véritable culte dès l’année de sa parution, la rend instantanément célèbre. Femme libre dans le japon des années 1920, elle raconte sans fard son quotidien de misère et d’errance.
Issue d’une famille pauvre de marchands ambulants, partie très jeune tenter sa chance seule à Tokyo, elle est tour à tour vendeuse de rue, ouvrière dans une fabrique de jouets, serveuse, entraîneuse. Elle publie en revue ses premières nouvelles et ses premiers poèmes, tout en côtoyant ce qu’elle appelle le "monde de la nuit" : la faune des bars, les prostituées, les peintres, les anarchistes…
Dans un style imagé aux fulgurances poétiques, elle propose le tableau d’une génération et décrit, à travers un autoportrait saisissant, l’entrée du Japon dans la modernité.
Cette première publication d’une écrivaine majeure n’avait jamais encore été traduite en langue française, ce qui est maintenant chose faite avec cette traduction de René de Ceccatty (qui préface aussi l’ouvrage) et la publication des éditions Vendémiaire.
Très bel objet, dans un format original adapté à la lecture, façon journal intime, Vagabonde nous propose un écrit à la construction particulière, un journal romancé entrecoupé de poèmes qui nous permet de bien le titre de l’ouvrage, telle une lecture vagabonde dans les méandres de la société japonaise qu’elle décrit souvent avec précision.
C’est un ouvrage à la fois très étrange à lire, on a parfois l’impression d’être en apesanteur en le parcourant mais aussi très intéressant car on apprend beaucoup de choses sur la culture et la société japonaise.
On peut s’y perdre facilement d’ailleurs, bien vite rattrapé par le formidable travail de traduction et les nombreuses notes de bas de pages qui viennent nous donner des précisions et des explications sur certaines particularités japonaises peu connues des occidentaux. |