Performance conçue par Alfonso Barón, Hermes Gaido et Luciano Rosso, mise en scène d'Hermes Gaido, interprétée par Alfonso Barón et Luciano Rosso.
Le trio argentin formé par les comédiens-danseurs Alfonso Barón et Luciano Rosso et l'acteur, musicien et metteur en scène Hermes Gaido dont le spectacle "Un Poyo Rojo" a connu un un succès retentissant et mondial propose un nouvel opus sous-titré "Un Poyo Rojo #2".
Ce qui peut se révéler une entreprise à haut risque et déceptive au regard du souvenir enthousiaste du premier de surcroît magnifié par le temps.
Mais il a su se réinventer avec une création qui ne verse pas dans le "bis répétita" tout en déclinant ses fondamentaux pour le propos politiquement iconoclaste placé sous obédiende de l'humour burlesque et du rire, "Le rire comme arme pour affronter l’inévitable fatalité de notre destin" indique-t-il au rang de ses intentions.
Et ce avec un cross-over entre théâtre, avec la pantomime burlesque et la dramaturgie du corps exprimée dans le "teatro fisico, danse, avec des chorégraphies empruntant aux codes tant de la danse classique qu'aux danses urbaines tel le voguing, et aux acrobaties de capoeira, et musique.
Après "Un Poyo Rojo" qui procédait au dynamitage de la stéréotypie masculine, du désir et des rituels de séduction, "Dystopia" aborde de nombreux sujets sociétaux contemporains en résonance avec un questionnement métaphysique sur le sens de la vie et le futur au profil sombre.
Entre autres la déconstruction du genre, le néo-féminisme et l'homophobie mais également l'art conceptuel avec l'hilarante séquence de la banane en relation avec l'oeuvre "Comedian" de l'artiste Maurizio Cattelan consistant en une banane scotchée au mur présentée en 2019 à la Foire d'art contemporain Art Basel de Miami.
La novation consiste, outre l'inclusion de la danse faciale et une composition musicale et des chansons originales, en l'utilisation de la vidéo de manière créative en utilisant la technique de l'incrustation du "Chroma key" et les procédés numériques de paramétrisation permettant la déformation des corps dont le visage par exemple en lui donnant l'aspect de toon.
La situation est celle des deux artistes invités du programme télévisé "Dystopia" animé par deux présentatrices barbues qui vont donc évoluer devant un fond vert et les séquences résultant de ces manipulations s'affichent sur trois écrans.
Avec pour résultat, au terme d'une fantaisie débridée soutenue par un rythme endiablé et l'exceptionnel talent multiforme des interprètes, un spectacle étonnant et détonnant, ébouriffant et jubilatoire.
A la mise en scène, Hermes Gaido supervise un conséquent travail de gestion du dispositif vidéo en direct et les comédiens-danseurs et performeurs Alfonso Barón et Luciano Rosso délivrent une performance de haut niveau technique aussi roborative que divertissante. |