Quand on y pense, l’image du piano à bretelles est cocasse. Je pense à ce grand machin qui prend toute la place et son petit fauteuil rembourré, ce gros bidule d’atmosphères feutrées et d’ambiances recueillies, cet énorme truc indéménageable sans lombalgie…
Je pense à cette chose affublée de bretelles réglables, non pas la discrète bretelle à se caler en travers du corps telle une écharpe de Miss France, mais de deux petites bretelles réglables de sac à dos à s’enrouler autour des épaules. Vous conviendrez que l’image est cocasse.
Et au final, pas grand-chose à voir avec ce truc effronté qui fait se virevolter dans les chaumières, ce truc à enlacer sur la bedaine, et à tirer et pousser pour tendre et détendre ce soufflet d’où se dégage les mélodies des années folles. Je parle de l’accordéon, à bretelles. Un truc de fanfaron donc.
Le petit musée de Lénine Renaud en est, de ces fanfarons qui décrivent le monde, accoudés à un comptoir et entourés de copains. Une fois n’est pas coutume, ils m’ont fait penser à un autre collectif de joyeux lurons, je veux parler de Marcel et son Orchestre. Ils ont la même diatribe affable, le débit jovial et la verve fleurie. Normal, ils en furent.
Douze titres pour douze histoires de femmes et d’hommes, de femmes qui aiment les hommes et d’hommes qui aiment les femmes, mais aussi de femmes qui aiment les femmes et d’hommes qui aiment les hommes. Et de ceux qui ne s’aiment pas, des méprisants et des condescendants, de ceux qui préfèrent juger de leur perchoir de pacotille, et de ceux qui embrassent sans préjugés.
L’album est construit autour douze portraits comme il ressort des placards de la mémoire douze tableaux, d’une plume gouailleuse et d’un trait moqueur, sans se prendre au sérieux mais si un peu quand même, parce que la musique est entrainante, l’album est un musée et il se nommera Le petit musée de Lénine Renaud.
Ils sont six pour imaginer ce que pense "La femme au chapeau jaune" du tableau de Hopper, décrire le scandaleux "L’origine du monde" ou raconter "Le radeau de la méduse", relire les lettres de "Gaston Chaissac", les tableaux de "Toulouse-Lautrec" et les autres.
Drôles et graves, partisans de la beauté et de la poésie chantonnée, adeptes de la bonne humeur et le tempérament enjoué, ce quatrième album de Lénine Renaud est une joyeuse farandole dans un musée, là où on aurait le droit de courir et de s’exclamer à la guise des découvertes.
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.