"– Soyez assez bon, lui dis-je, pour me chanter quelque chose ; j’aime à la passion votre musique nationale.
– Je ne puis rien refuser à un monsieur si honnête, qui me donne de si excellents cigares”, s’écria don José d’un air de bonne humeur ; et, s’étant fait donner la mandoline, il chanta en s’accompagnant. Sa voix était rude, mais pourtant agréable, l’air mélancolique et bizarre ; quant aux paroles, je n’en compris pas un mot." Carmen, Prosper Mérimée
Voilà un disque porté par l’envie "d’enjamber les frontières et préjugés, (...) suivre les traces d’une musique nomade et polymorphe", d’inviter "à redessiner nos cartographies à l’encre rouge de la danse et des pulsations", de montrer les liens tissés entre mélodies populaires et répertoire, et l’esprit humaniste de la musique.
Les deux musiciennes nous emmènent du Brésil et ses racines chez Villa-Lobos ("Chôros 5") aux idiômes, à l’évocation latine dansante et populaire de Darius Milhaud ("Trois Chansons de négresse"), du "nationalisme objectif" des Danzas Argentinas d’Alberto Ginastera à celui plus feutré de Mompou et son art de la nuance ("L’Eco" joué ici avec une infinie délicatesse) qui entre totalement en résonance avec "A flower" de John Cage.
Et puis les superbes Zigeunermelodien de Dvorák aux textes évoquant l’amour, la mort, la danse et la liberté. Et quel peuple incarne plus la liberté que cet immuable peuple d’errants que sont les tziganes, représentant une Europe sans frontière mais perpétuel exilé ?
Ce disque donne lieu à une interprétation toute en intensité, en nuances, toute en incandescence où se mêlent mélodies, rythmes, incantations, souffle épique, poésie, danse...
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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