Comédie dramatique écrite et mise en scène par Maurin Ollès, avec Clara Bonnet, Gaspard Liberelle, Gaël Sall, Bedis Tir et Nina Villanova.
"Vers le spectre" suit le parcours de Adel, diagnostiqué autiste dans la petite enfance, du point de vue des gens qui le côtoient dont ses parents, les enseignants et aides de vie scolaire et le personnel médical.
Du parcours d’obstacles que constitue l’obtention du diagnostic, en passant par la scolarité chaotique d”Adel pour enfin se focaliser sur son parcours sans fin en milieu hospitalier Maurin Ollès dresse sans concession le portrait d’un système social et médical embarrassé par "l'extra-ordinaire" avec des personnes hors normes handicapées et neuro-atypiques.
Inspiré de rencontres et revu par Lucas Palisse, intervenant spécialisé en autisme, "Vers le spectre" s'avère d’une exactitude proche du documentaire et décrit tout à la fois la sur-spécialisation des médecins obligés de faire rentrer sans succès les troubles d’Adel dans une case, et le manque de moyen de l’Education nationale qui n’est ni armée ni accompagnée dans l’accueil des enfants particuliers.
Ainsi que le quant-à-soi des associations qui sont parfois la seule béquille de familles désemparées, l’inexistence de structures adaptées pour la prise en charge de troubles encore trop souvent considérés comme des troubles psychiatriques, pour leur prise en charge, et la saturation des établissements d’accueil d’urgence pris dans une logique comptable délétère.
Nonobstant la gravité du propos et certaines longueurs, Maurin Ollès livre un spectacle joyeux voire lumineux, grâce à une narration intelligente, appuyée par une interprétation (Clara Bonnet, Gaspard Liberelle, Gaël Sall, Bedis Tir et Nina Villanova) sincère et énergique. Le récit, découpé en saynètes, mélange différents styles, entremêlant notamment moments de vie, colloques de professionnels, petit film, instant institutionnels.
Alice Duchange a imaginé une scénographie mouvante, grâce à un système de panneaux amovibles qui permettent de représenter les différents espaces de vie de Adel.
La musique de Bedis Tir joue un rôle prépondérant dans la pièce, figurant en effet le personnage central, protagoniste fantasmagorique absent au monde malgré son omniprésence. Un ensemble de synthétiseurs et boîtes à rythme sont ainsi présents en plateau avec une interprétation en live par le musicien qui l'incarne physiquement de manière ponctuelle.
Maurin Ollès réussit ainsi une immersion bouleversante dans l’univers lunaire de Adel donnant ainsi aux spectateurs les clés de lecture d'un monde aux frontières de la normalité. |