Monologue humoristique d'après des oeuvres d'Anton Tchekhov interprété par Alain Payen dans une mise en scène de Catherine Benhamou.
Dans le cadre de sa tranche "La Rentrée Créative", comprenant une séance le samedi à 16 heures et le lundi à 19 heures, le Théâtre de la Huchette a laissé carte blanche au comédien Alain Payen, par ailleurs l'un des membres de la troupe du théâtre alternant dans "La Cantatrice chauve", pour interpréter "Les Méfaits du mariage sur la santé mentale des plus de 50 ans", d'après plusieurs nouvelles d'Anton Tchekhov.
Précédemment, on avait vu Alain Payen s'essayer brillamment à un exercice similaire avec "Flagrant déni", un spectacle cette fois consacré à Guy de Maupassant où il avait assemblé quatre nouvelles de l'auteur du "Horla".
Efficacement secondé par Catherine Benhamou, à la mise en scène, et par Philippe Lagrue aux lumières, le comédien réussit sans problème à trouver sa place dans l'univers de Tchékhov.
On a souvent eu l'occasion de voir des acteurs se mesurer aux "Méfaits du tabac" (Jacques Mauclair, Denis Podalydès, Jacques Weber...), sous la forme d'une conférence qui dure entre 20 et 30 minutes. Ce que fait Alain Payen est un peu différent puisqu'il fusionne dans sa conférence d'autres textes de l'auteur russe (Le Fruit du péché, Histoire de rire...). Mais ce qui ne diffère pas, c'est la fidélité à Tchekhov.
Créant un personnage assez comique, sans être caricatural, Alain Payen n'oublie pas la dimension tragique des personnages tchekhoviens. Evidemment, à un moment, cet homme, malheureux en amour bien plus qu'accro au tabac, craque, geint, se lamente. Cependant, aidé par la vodka et une forte dose de vanité, il sait se contenir jusqu'à l'ultime limite de la décence.
Le conférencier se construit tout en fragilité, faible par rapport au sexe dit faible, surpris désagréablement par sa propre lâcheté et quand même capable de donner plus ou moins le change aux autres grâce à une feinte truculence.
Sans aucune baisse de rythme, la proposition d'Alain Payen, nourrie par un jeu jamais pris en faute, fonctionne pendant toute la durée de cette conférence qui, en fin de compte, ne commence pas.
Tant pis ou tant mieux : on en est quitte pour une heure distrayante qui ne sort pas des rails fixés par Tchekhov. Un hommage intelligent, tout en ironie et en malice*.
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