Réalisé par Lukas Dhont. France/Pays Bas/Belgique. Drame. 1h35 (Sortie 1er novembre 2022). Avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa Drucker, Kevin Janssens et Marc Weiss.
On se souvient du précédent film de Lukas Dhont, "Girl", qui l'avait fait connaître à Cannes. Cette fois-ci, "Close" lui a permis d'obtenir au même festival le "Grand prix".
Toujours passionné par l'intime, par la période de l'adolescence où l'on affirme ses préférences et où construit et choisit son identité, Lukas Dhont a choisi la forme mélodramatique pour parler de l'entrée de deux garçons dans l'adolescence, Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele)
Très fusionnels, les deux amis sont toujours ensemble, dorment régulièrement l'un chez l'autre, au point qu'on aura, un moment, de la peine à comprendre à quelle famille ils appartiennent. Leur cadre de vie est idyllique, lumineux, coloré, comme les fleurs dans lesquelles baignent les parents horticulteurs de Léo. Mais un jour, tout s'écroule : Léo refuse désormais de se rendre chez Rémi. Quelque temps plus tard, celui-ci se suicide...
Attention : on ne "verra" pas ce qui s'est passé. Le drame sera révélé suite à un voyage scolaire. Au départ du bus, on constate que le siège de Rémi est vide ; à son arrivée, les autorités scolaires apprendront aux élèves que "Rémi est parti".
Sans doute, certains vont trouver que le film hésite trop entre le pudique et le démonstratif avec une musique très présente, et très belle, de Valentin Hadjadj qui ponctue les moments les plus émouvants.
Mais comment ne pas frissonner, ou franchement pleurer, quand une mère qui a perdu son garçon, Sophie (Emilie Dequenne) tente de comprendre auprès du meilleur ami de son fils comment les choses se sont déroulées.
Peut-être aurait-il fallu que Lukas Dhont fasse une ellipse ou ne monte pas la séquence où l'on découvre que Rémi devenu adolescent espérait, sans jamais l'avoir calculé, que l'amitié qui l'unissait à Léo débouche sur quelque chose d'encore plus fort...
Mais il a préféré montrer que suggérer et on ne peut pas lui en vouloir car ce qui l'occupe dans son film, c'est le chemin que vont faire ensemble Léo et Sophie, aidés de tous, pour faire à la fois leur deuil et comprendre qu'ils n'ont ni l'un ni l'autre à s'en vouloir. Cet exercice de "résilience", qu'ils vont pratiqués ensemble, à tâtons, sans mode opératoire préalable, sera extrêmement douloureux.
Sortir indemne d'un tel film est impossible, surtout pour qui a été père ou mère et s'est, un jour, posé la question du possible mal être de leur enfant en train de se transformer.
On le répète, on ne voit pas de complaisance dans "Close" de Lukas Dhont. S'il y a quelques moments qu'il aurait pu se dispenser de montrer, on les perçoit comme une erreur et pas comme un choix calculé d'ajouter du pathos au pathos.
Au contraire, tous les protagonistes savent se contenir, et notamment, lors d'un repas qui aurait pu aligner les fautes de goût, la famille de Léo par rapport à celle de Rémi. On soulignera - comment pourrait-on ne pas faire faire autrement ? - la prestation impeccable d'Emilie Dequenne et celle bluffante du jeune Eden Dambrine, archange malgré lui de la mort de son camarade.
Il aurait pu être Tadzio dans "Mort à Venise", mais Lukas Dhont n'a pas voulu jouer de l'ambiguïté. Il l'a brillamment dirigé pour qu'il n'y ait chez lui aucune once de perversité.
Chacun choisira donc de voir le film selon ses intimes convictions. Pas question de concevoir un jugement critique péremptoire.
"Close" de Lukas Dhont est un film où l'on apportera beaucoup de soi et cela devrait remuer bien des consciences. C'est aussi ça le rôle d'un film à "sujet fort |