L’ouvrage collectif que nous proposent les éditions Inculte est un recueil de textes issus d’une commande passée à cinq auteurs par la maison internationale des écrivains de Beyrouth. En septembre 2021, celle-ci avait prévu d’organiser dans la capitale libanaise une série de rencontres littéraires portant sur le thème de la catastrophe.
Le Liban vivait alors une succession de crises devenues progressivement des catastrophes, tant économiques que sociales et écologiques, le tout couronné par l’explosion dans le port de la ville le 4 août de l’année précédente.
Ce pays apparaissait alors, et ne cesse d’apparaître tous les jours un peu plus, comme un paradigme de la mauvaise gouvernance et comme le lieu où se condensent tous les désastres qui peuvent guetter l’humanité.
Cinq écrivains devaient donc venir s’y entretenir avec le public de la crise économique grecque, du tremblement de terre en Haïti et de ses effets, du tsunami puis de l’explosion à Fukushima. L’idée était de mettre en commun le récit de la catastrophe et de réfléchir à la manière à laquelle l’homme vit cette dernière puis les façons avec lesquelles il en gère les conséquences, le souvenir de la capacité à en surmonter le traumatisme.
L’exacerbation de la crise libanaise et la détérioration dans tous les domaines durant l’été 2021 a empêché la tenue de ces rencontres. Cinq écrivains qui devaient y participer ont accepté d’écrire chacun un récit portant sur le thème initialement retenu, à partir de son expérience.
Ersi Sotiropoulos traite de la crise économique grecque, Makenzy Orcel (au passage encore en course pour le Goncourt au moment où j’écris cette chronique pour son superbe ouvrage sorti aux éditions Rivages cet été) s’attaque aux séismes et à leurs conséquences en Haïti. Michael Ferrier nous propose un texte sur Fukushima et les divers visages de cette catastrophe. La crise libanaise et l’explosion sur le port de Beyrouth sont l’objet d’une tête écrit à quatre mains par Camille Ammoun et Fawzi Zebian. Une préface de l’ouvrage est écrite par Charif Majdalani.
Tous ces textes, particulièrement intéressants, amènent le lecteur à réfléchir tout en lui dévoilant de nombreuses vérités particulièrement dérangeantes. Dire ou raconter une catastrophe, quelle qu’elle soit ne se limite pas à retracer son histoire ou son déroulement car c’est aussi rechercher dans les corps et dans les esprits les ravages qu’elle peut causer. Ils nous montrent aussi que ces catastrophes, naturelles ou non, sont toujours liés à un système humain, technologique et politique.
Toutes ces catastrophes forment alors une sorte de destin collectif qui nous met tous à l’épreuve de devoir faire quelque chose pour les éviter le plus possible. On espère que cet ouvrage aura le plus grand écho possible pour faire bouger les choses. |