Monologue dramatique écrit et mis en scène par Isabelle Leblanc et interprété par Roger La Rue avec la participation de Valérie Le Maire.
Au terme de la scénographie de Max-Otto Fauteux soutenue par les lumières de Natasha Descôteaux, dans un décor glauque de salle des machines au bruit assourdissant évoquant un univers à la Enki Bilal, un homme qui semble affecté à la manutention se présente.
Dans cet antre, Lucien Champion, journaliste sportif dans une modeste feuille de chou de province, affirme sa vocation d'écrivain dans le registre de la biographie et du roman d'aventures qui se double d'une vaniteuse ambition de célébrité notoire pour sa plume qu'il qualifie de balzacienne.
Sa quête d'un sujet "ad hoc" pour intégrer le panthéon de la littérature mondiale trouve enfin sa récompense avec la participation de Rita Houle, une illustre inconnue, comme première représentante de son pays le Canada à un prestigieux rallye automobile se déroulant dans le désert de Gobi dont il fera une héroïne en relatant son fabuleux périple.
Mais la réalité vécue par cette femme érigée en héroïne satisfera-t-elle aux attentes de l'auteur et au pacte d'écriture implicite qu'il a conclu de manière unilatérale : "je ferai d'elle une star, elle fera de moi un auteur".
Telle est la situation introductive, au demeurant plausible, de l'opus "Rita au désert" conçue par l'auteure, metteuse en scène et comédienne québécoise Isabelle Leblanc si n'était la personnalité du protagoniste manifestement atteint d'un trouble psychique ressortant à la pathologie du narcissisme et au déficit de reconnaissance et la nature de ses propos sur lesquels pèsent très vite le doute puis un soupçon d'affabulation.
Si l'auteure indique dans sa note d'intention avoir été inspiré par le scribe Bartleby de la nouvelle d'Herman Melville pour concevoir ce pathétique drame humain, elle traite du thème de la création littéraire dans une forme qu'elle qualifie de "fiction métaphysique" et de son rapport au réel.
La partition essentiellement monologale, nonobstant la présence fantomatique de la figure-titre campée par Valérie Le Maire, est superbement portée et le personnage incarné par Roger La Rue qui en magnifie les affres et entraîne le spectateur dans son épique cavalcade verbomotrice.
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