Le Musée Cernushi présente un focus sur la peinture chinoise moderne et contemporaine sous l'angle de de l'encre, son médium de prédilection, avec la présentation d'une sélection des chefs d'oeuvre de ses collections.

Intitulée "L'encre en mouvement", elle propose une histoire de la peinture chinoise du 20ème siècle scandée par des oeuvres sur papier exceptionnellement présentées en raison de leur fragilité.

Conçue sous le commissariat d'Eric Lefebvre et Mael Bellec, respectivement directeur et conservateur en chef au Musée Cernuschi, la monstration se déploie en un parcours chrono-thématique qui en éclaire les deux spécificités que sont le renouvellement des tropismes traditionnels et la synthèse technique et formelle résultant notamment de l'influence des mouvements artistiques occidentaux.

L'encre, de la tradition renouvelée à l'expérimentation

La pratique de l'encre dans l'art chinois du 20ème siècle demeure pérenne avec successivement la réactivation de l'art de la calligraphie et les influences extérieures.

Et en premier lieu, celle de la peinture japonaise, le voyage au Japon des artistes chinois constituant l'équivalent du voyage en Italie des peintres européens, qui libère la ligne et introduit le mouvement dans la dimension paysagière et animalière de la peinture chinoise traditionnelle.

Mais le phénomène majeur du 20ème siècle tient à l'influence de l'art occidental et acculturation qui résulte du syncrétisme réussi entre la tradition et la modernité et le passage de la figuration à l'abstraction.

Ainsi avec les artistes qui sont venus à Paris, alors considérée comme la capitale mondiale de l'art, dans le cadre d'un voyage initiatique à la manière du voyage en Italie des siècles précédents qui a fait l'objet de l'exposition "Artistes Chinois à Paris" en 2011 en ce même musée, tels les pionniers Zao Wou-Ki et Chu Teh-Chun qui prennent la voie de l'Abstraction.

Chu Teh-Chun ("Paysage abstrait") - Zao Wou-Ki ("Sans titre")

Walasse Ting ("Beauté" - "Garçon" - "Oiseau")

Sous le poétique intitulé "Couper le ?l du cerf-volant ?" emprunté à Wu Guanzhong à la renommée internationale pour son hybridation de la pratique traditionnelle de l'encre avec les styles de la peinture à l'huile occidentale, la monstration illustre les novations intervenant après la fin de la période maoiste et de la peinture d'Etat au service de la propagande idéologiste et de la glorification du Grand Timonnier.

Tang Xiaohe ("Pluie de printemps à Jinggang" - "Avancer contre vents et marées") - Wang Shenglie ("Huit femmes se jettent dans le ?euve")

Avec les recherches plastiques contemporaines autour de la figuration et de la calligraphie avec Li Jin, du paysage avec Li Huascheng et la scène de genre avec Xhu Ziuli.

Li Jin ("Le Vrai Corps") - Li Huascheng ("Dans la crique") - Xhu Ziuli ("La source claire court sur le rocher")

Et qui se poursuivent avec les encres expérimentales entre autres celles de Chuang Che dont la production est actuellement présentée sous le titre " Chaotic Harmony" à la Galerie Vazieux, et les compositions minimalistes de Hsiao Chin.

Chuang Che ("Sans titre") - Hsiao Chin ("Chi-88")

A noter également un focus sur le nu, un genre quasiment absent de la la tradition chinoise.

En complément à la visite, et en accès gratuit dans les collections permanentes, voir :

l'accrochage "L’Energie au bout du pinceau" consacrée aux calligraphies minimalistes d’Akeji Sumiyoshi dans la salle Peinture
la présentation "Chen Zen -Résonances" dans la salle du Bouddha, des installations "Dialogue" et "Cocon du Vide" de Chen Zhen, l’un des principaux représentants de l’avant- garde chinoise