Monologue dramatique de Dennis Kelly interprété par Bénédicte Cerutti dans une mise en scène de Chloé Dabert.
Un lieu impersonnel avec une cloison métallisée composée de panneaux coulissants et désert hors un banc quatre sièges évoquant une salle d'attente.
Et en l'espèce, le métaphore de l'espace mental de la protagoniste de l'opus monologal "Girls and boys" du dramaturge britannique Dennis Kelly dans lequel il décline ses thématiques récurrentes de la violence relationnelle et de la potentielle monstruosité de l'humain, en l'occurrence, au sein du pandémonium conjugal.
Il relate la déliquescence d'un couple qui s'achève en tragédie familiale par le filicide paternel suite à la rupture initiée par l'épouse dans une configuration ressortant à l'avatar masculin de l'antique Médée tel que traduit dans le théâtre grec qui, répudiée, se venge par le meurtre de ses enfants, et aux termes d'une profération analogue "Tu ne me prendra pas mes enfants".
La partition se déroule en récit rétrospectif par une mère douloureuse, et en adresse au public, non de manière chronologique mais par un télescopage spatio-temporel en strates circonvolutionnaires et en séquences aux tonalités dramatiques non homogènes, du pittoresque à la sidération, menant au coeur de l'indicible.
Dans la signifiante - et esthétisante - scénographie de Pierre Nouvel et sous la direction de Chloé Dabert qui connaît l'univers de l'auteur pour avoir mis en scène "Orphelins" et "L’Abattage rituel de Gorge Mastromas", Bénédicte Cerutti, comédienne aguerrie, dispose du métier et du talent indispensables pour porter cette parole émotionnelle toute en ruptures.
Une prestation émérite légitimement saluée par le public.
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