Le Musée Rodin propose avec l'exposition "Rêve d'Egypte" de décrypter la relation d'Auguste Rodin avec l’art égyptien .
Le décryptage se déploie à la faveur de la conséquente sélection opérée par la commissaire Bénédicte Garnier, responsable des activités scientifiques de la collection de Rodin et du site de Meudon.
Et elle reprend son dispositif qui prévalait en 2014 pour l'exposition "Rodin, la lumière de l'Antique" plus particulièrement dédiée à l'Antiquité gréco-romaine.
Ainsi, elle procède par une mise en scène de la collection égyptienne du sculpteur et de sa résonance avec l'oeuvre de Rodin qui se déploie dans une lumineuse scénographie de l'Atelier Cros & Patras.
Rodin egyptophile
La référence à l'Antiquité, comme modèle ou influence, constitue un des tropismes de l'art moderne particulièrement sensible au vocabulaire plastique des arts primitifs et commun aux artistes notoires de la sculpture moderne, ainsi, et entre autres Ossip Zadkine, Antoine Bourdelle et Alberto Giacometti*.
Celle de l'Antiquité égyptienne résulte, outre de l'Antiquité comme base de la formation académique des artistes, de la fascination française pour l’Egypte qui, depuis le 18ème siècle, a impacté tous les courants artistiques et se nove au 19ème siècle en égyptomanie avec le développement des explorations archéologiques ce que l'exposition aborde avec des cartels dédiés aux lieux de fouilles et aux antiquaires spécialisés.
La monstration est introduite par une salle didactique qui présente les spécificités de l'art égyptien par typologie avec les masques funéraires, la représentation des dieux et des animaux. 
Et elle met en regard la collection égyptienne d'Auguste Rodin qui débute avec des pièces de petite dimension installées dans l'Atelier de Meudon

avant d'inclure des acquisitions monumentales notamment en vue de la constitution, pour la postérité, de son projet de musée égyptien de l'Hôtel de Biron de statues à des fragments de la paroi d'une salle du temple d'Athribis.

Combinées avec les sculptures et œuvres graphiques de Rodin, et éclairées par des documents d'archives, elles permettent d'apprécier l'influence thématique, en termes de réminiscence formelle ou iconographique ainsi dans les dessins et aquarelles dont certaines figuraient dans l'exposition "Rodin - Dessiner, Découper".

Ainsi que ses recherches sur la représentation du corps humain, tel le dédoublement de la figure, le style avec la simplification des formes, et la pratique de la fragmentation comme pour "La Pensée" élaborée sur le mode de la statue-cube égyptienne.

Et surtout la monumentalité, avec en point d'orgue le "Monument à Balzac"
qui a fait l'objet de l'exposition dédiée "Monumental Balzac" au Musée des Beaux-Arts de Tours en 2019.

Pour lequel, qualifié de "Sphinx de la France", Rodin indique explicitement un montage calqué sur celui des colosses de Memnon, les deux gigantesques statues d'Aménophis III ornant l'entrée de son temple funéraire, avec, de part et d'autre, la similitude de la tête avec les têtes de rois.
Et la cambrure du corps, comme pour les torses féminins de Rodin, calquée sur celle des torses masculins égyptiens.
A ne pas rater les petites déesses Hathor et Baubo inspiratrices de l'Isis rodinienen, le processus de création de la "Tête d'évêque", "La Main du diable" et "L'homme qui marche" de Rodin aîeul de celui de Giacometti avec la posture de statues égyptiennes.
En préambule à la visite :
à voir en vidéo :
l'entretien avec la commissaire
la visite commentée par la commissaire
la statue de Balzac décrypté par la commissaire
en diaporama de photographies d'archives "Rodin à Meudon, de l'atelier au musée"
en podcast "Rodin, le sculpteur, le collectionneur et l’Egypte" partie1 - partie 2
dans le cadre de l'émission "Au coeur de l'histoire"
sur Europe 1 en partenariat avec le Musée Rodin
* les expositions :
"Bourdelle et l'Antique - Une passion moderne" au Musée Bourdelle en 2018
l'exposition "Giacometti et l'Égypte antique" à l'Institut Giacometti en 2021 -
"L’Ame primitive" au Musée Zadkine en 2022 |