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puce Le Misanthrope
100ecs  (Paris)  janvier 2023

Comédie de Molière, mise en scène de René Loyon, avec Pierre Ascaride, Corinne Bastat, Cristine Combe, Francis Coz, Dominic Gras, Evelyne Guimmara, Claude-Bernard Pérot, Dominique Verrier et Thierry Vu Huu.

René Loyon n'est pas le premier à mettre en scène "Le Misanthrope" de Molière. Il ne sera pas non plus le dernier. Il n'a pas souhaité réinterpréter la pièce de Molière, ni donner un nouveau visage aux personnages dont tous les élèves de 4ème ou de 3ème connaissent plus ou moins les noms.

Mais sa version a tout de même quelque chose de vraiment original, même si on suppose que d'autres ont déjà eu une idée voisine. René Loyon s'est amusé à "vieillir" les protagonistes.

On se souvient qu'il est dit quelque part que Célimène était une jeune veuve d'une vingtaine d'années. Alceste, Philinte, Oronte, les principaux caractères masculins de la pièce ne doivent guère plus âgés. On suppose qu'il en est de même pour Eliante et Arsinoé, du côté des femmes.

Les voilà donc tous soudain, par la volonté de René Loyon, vieillis de trente ans. On pourrait les définir comme de jeunes sexagénaires. Attention ils ont soixante ans comme on a soixante ans en 2023, c'est-à-dire que les cheveux peuvent avoir blanchir et la chair épaissie, ils n'en sont pas moins "jeunes" par rapport aux "vieux barbons" du temps de Molière.

Simplement, il est évident que cela change l'équilibre de la pièce. On n'est plus devant une jeune "coquette" qui s'amuse de ses jeunes prétendants, à commencer par les fameux petits marquis; pas plus qu'on suit un jeune homme atrabilaire, en guerre contre l'hypocrisie de la société qu'il a découvert prématurément et qui commet des impairs parce qu'il ne sait pas encore tenir sa langue ou vivre en réserve du grand monde.

Il ne faut pas oublier que "Le Misanthrope" est une des seules pièces de Molière où l'on suppose que l'on est devant des aristocrates, ce qui veut dire que normalement ils sont formés dès l'enfance à se méfier des excès de la parole puisqu'ils vont devoir s'intégrer à la Cour, où chacun doit tenir compte de son rang, l'assumer et l'assurer face à tous les autres courtisans.

Que le "vieil" Alceste continue de ratiociner contre ses semblables, que Célimène, dans sa maturité, poursuive ses petits jeux puérils, en dit long sur ce qu'ils ont pu vivre pendant toutes les décennies où ils ont été confrontés à la société de leur temps. Ils ont du passer pour des originaux ou des inadaptés.

Paradoxalement, on se dit que les propos qu'ils tiennent, que les arguments qu'ils défendent conviennent mieux à des personnages plus âgés qu'à des jeunes gens qui paraissaient bien sentencieux tels que Molière les avait conçus.

Dès lors, tout ce qui se passe dans la pièce gagne en vérité. Claude-Bernard Pérot est un Alceste solide, convaincant dans ses propos et en premier dans sa résolution de s'échapper enfin d'un monde qu'il aurait dû fuir bien avant. On a l'impression qu'il est à bout et qu'il était inexorable qu'il "pète un plomb".

La Célimène de Corinne Bastat, elle aussi, doit en avoir assez de ces hommes qui la "harcèlent" depuis tant d'années. Qu'elle se soulage dans une lettre vengeresse n'est pas illogique.

On pourrait faire ainsi le tour de tous les personnages. Tous, élégamment habillés en gris noir dans des tenues modernes, les femmes ayant troqué les robes pour des pantalons, sont assis sur des chaises aux dossiers également sombres, dans une pénombre simplement troublée par l'ouverture et la fermeture des portes de la salle.

Toute la distribution est à l'unisson. On joue sans temps morts et tout paraît clair dans la bouche des uns et des autres.

Ce "Misanthrope" qui n'a d'autre but que de servir Molière montre les beautés et les subtilités de son écriture. Un travail exemplaire dont on se souviendra.

 

Philippe Person         
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