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Théâtre de la Colline  (Paris)  janvier 2023

Spectacle écrit et interprété par Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon dans une mise en scène d'Isabelle Lafon.

"Je pars sans moi, tu n'as qu'à m'attendre là-bas", c'est une phrase extraite du "livre de Yanis" de Yanis Benhissen.

Il a huit ans et c'est Patrick Laupin qui a collecté ses mots, qui vont servir à Isabelle Lafon et Johanna Korthals Altes pour aller explorer les confins de la folie, du "désarroi mental" si l'on veut se débarrasser d'un terme qui fait peur, qui est aussi péjoratif que peu performant pour justement s'aventurer hors du pays où l'on se croit normal.

Quand la lumière s'efface dans la salle, une petite lueur reste allumée, là où les deux aventurières sont blotties. Elles ne vont monter sur scène qu'après s'y être encouragées. La scène est quasi vide. Sauf côté cour, où il y a une porte. Une porte blanche évidente dans sa solitude. Mais son heure n'est pas encore arrivée. Pas question, pour ce début qu'on révèle son secret. Le secret qu'il y a forcément derrière une porte.


C'est encore trop tôt, donc. Les deux femmes préfèrent parler. Elles vont parler, se parler, porter des paroles, la leur et celles des malades, des soignants, des psychiatres et des philosophes. Une exposera plutôt des mots du 19ème siècle, des mots qui se réfèrent au grand moment de la parole asilaire, compilée par Gaëtan de Clérambault auprès des hystériques de Saint Anne. L'autre empruntera les voix du 20ème siècle. Celle de Fernand Deligny, éducateur en lieux ouverts d'enfants et d'hommes fermés sur eux-mêmes, autistes ou murés dans leur silence.

Comme toujours chez Isabelle Lafon, il y a la passion de comprendre les textes, d'en dissoudre l'obscurité et de les mettre en lumière. C'est pour cela qu'il faut parler, se parler. Se référer à ceux qui ont inventé la psychiatrie institutionnelle, comme Francesc Tosquelles à Saint Alban, comme Louis Oury à La Borde.

Toujours d'un peu de lumière, jaillira l'éclair qui lui redonnera tout son éclat. Isabelle Lafon égrène toutes ses bonnes personnes, exilés des institutions traditionnelles à cause de leur gentillesse, de leur bonté, de leur envie de vivre avec ceux qu'on ne pourra jamais tout à fait comprendre.

Même si elle ne le cite pas, on pense au film lumineux de Martine Deyres, "Les Heures heureuses", consacré à Saint Alban pendant la guerre. Ce contre-exemple où les malades, les infirmiers et les gens du village ont mangé à leur faim pendant que plus de 40 000 internés mouraient affamés dans les autres institutions françaises.

Il ne s'agit pas de réenchanter la folie, de la définir littérairement avec des phrases astucieuses et l'enrober de poésie. Les deux femmes savent qu'il y a peut-être de la beauté dans tout ça mais il y a surtout de la souffrance à formuler, à verbaliser. On ne peut que voyager en bonne compagnie minoritaire, à petits pas, discrètement.

Isabelle Lafon, et Johanna Korthal Altes son alter ego, avancent d'abord avec le public. Il s'agit d'être clair, de ne pas se nourrir de belles paroles, mais de vraies paroles. Il faut saisir du concret, pas de l'esbroufe. En une heure et quelques minutes, elles se projettent dans un ailleurs dont l'issue est une porte blanche.

Ceci est-ce vraiment une porte ? Ou ne serait-ce qu'un leurre de plus ? On ne va pas tarder à le savoir. Mais est-ce si important que ça ? On n'aura de toute manière pas perdu son temps si tant est que le perdre ou le gagner fait sens... ou pas.

Un spectacle dans la lignée généreuse des précédents d'Isabelle Lafon. Jamais inutiles toujours riches en expérience et en questionnement, sensibles et limpides Du beau théâtre en chantier qui poursuit envers et contre tout sa route en toute liberté.

 

Philippe Person         
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