Monologue dramatique d'après le roman éponyme de Carole Fives interprété par Céline Hilbich dans une mise en scène de Kheireddine Lardjam.
Une femme se retrouve seule avec son enfant de deux ans. Elle est graphiste freelance et a du mal à conjuguer son rôle de mère célibataire et sa vie professionnelle. Dans cette vie qui l'étouffe peu à peu jusqu'à lui faire perdre sa féminité, elle se permet quelques rares escapades nocturnes.
Le récit raconte son parcours du combattant confrontée à l'inhumanité des institutions et la pression sociale, cherchant du réconfort sur les forums sur internet, tandis que la frôle l'ombre du surendettement...
Sur le plateau nu dont seuls changent les couleurs (lumières parfaites de Manu Cottin), la mise en scène chorégraphique et inventive de Kheireddine Lardjam épouse à merveille le rythme du texte percutant "Tenir jusqu'à l'aube" de Carole Fives dont il a fait une splendide adaptation et transmet ce récit fort avec des images d'une grande efficacité.
Céline Hilbich porte avec pugnacité, une grande générosité de jeu et une présence inouïe ce texte brillant qu'elle met admirablement en valeur dans la mise en scène sobre et néanmoins très pertinente aux constants changement de rythme de Kheireddine Lardjam.
Comédienne sensible d'une sincérité rare qui d'une inflexion de sa voix cassée dit tout l'harassement de cette femme, semblable à la Chèvre de Monsieur Seguin, revenant en fil rouge dans le récit, et qui comme elle, luttera jusqu'au bout. En maintenant une tension qui ne faiblit jamais, elle rend ce seule-en-scène absolument haletant.
Une prestation en tous points parfaite pour une grande interprète, impressionnante de maîtrise et de puissance dans ce solo magistral qui rend compte d'une situation dramatique comme il y en a trop, qu'elle conduit jusqu'à des sommets d'émotion.
Un superbe et poignant portrait d'une très rare intensité. |