Dès les arpèges tissés introduisant "Cruel" l'auditeur, pour peu qu'il soit à peine familier du groupe, sent qu'il s'est passé quelque chose chez Calexico.
Même si Joey Burns nous met immédiatement à l'aise (son chant n'a jamais été aussi bon, aussi beau), les mariachis et les trompettes triomphantes ne sont plus à la fête : elles serviront le propos de Calexico plutôt que ne l'épiceront.
Ils nous avaient habitué à la luxuriance des couleurs, à l'envoûtement des entrechats, aux tâches lumineuses sur les provençaux de De Staël.
C'est à l'intimité ("Yours and Mine", "Smash"), à la précision mélodique et harmonique ("Panic Open String") que nous convient cette fois les américains, appliquant chaque touche méticuleusement et de façon déterminée.
A la manière de Signac, certaines formes rejaillissent brutalement ("Letter to Bowie knife", "All systems red") ou par contraste ("Roka" : ses claviers fantomatiques et ce son latino ou encore "Nom de plume" avec son texte en français).
Certains prétendent qu'avec ce disque - même s'il est bon et bien produit –, Calexico perd de sa personnalité.
En fait, Garden Ruin révèle combien l'essence de Calexico est profonde, subtile et intelligente.
Le disque qu'on n'attendait pas, certes.
Mais déjà indispensable.
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