Monologue dramatique écrit et mis en scène par Pascal Rambert interprété par Lyna Khoudri.
Dans le monologue "Perdre son sac" qui fait écho à "Ranger" où le personnage principal mettait en ordre sa vie à la fin de celle-ci, la jeune femme qui prend le public à partie est au début de la sienne.
Diplômée BAC +5 qui comme beaucoup de jeunes ne trouve que des boulots alimentaires, elle va, telle une Antigone moderne, se révolter contre ce que la société lui réserve ainsi qu'à tous ceux de sa génération.
Un grande bâche bleue tombant des cintres est étendue sur le devant de la scène telle une vague prête à engloutir l'héroÏne cernée de toutes parts et qui, dans un flot quasi-ininterrompu, dit son amertume face au machisme et à la vulgarité ambiante.
Autour d'un chariot à roulettes, un seau et des produits ménagers jonchent le sol. A la veille de ses trente ans, armée de son balai au manche téléscopique, en veste en jean sur une salopette, elle est une guerrière qui refuse la fatalité et jette ses dernières forces dans la bataille. Elle dit l'amertume d'une vie qui exclut plus qu'elle ne rassemble. Elle dit l'amour pour une vendeuse. Et la voix de sa grand-mère qui l'apaise.
Avec sa mèche bleue, elle est une sorte de punk moderne. D'ailleurs c'est sur une chanson des Sex Pistols, mythique groupe punk des années 80, qui sort de son enceinte portable qu'elle se défoule.
Lyna Khoudri, impressionnante de maîtrise et de vie intérieure est cette jeune femme brillante qui sait manier les mots et laisse éclater son ras-le-bol devant un jeu où les dés sont pipés. Les traits fins de son visage de poupée contrastent avec la rage qui l'habite et les mots parfois très crus qui sortent en cascade. Elle est remarquable d'intensité.
"Perdre son sac" est le constat lucide et implacable d'un monde qui tourne à l'envers. Pascal Rambert a écrit avec ce court monologue certainement un de ses textes les plus acérés et les plus percutants. |