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Interview  (Saint-Etienne)  mars 2023

C'est à la terrasse d'une boulangerie de quartier à Saint-Etienne que j'ai eu le plaisir d'échanger avec Maria P. Mischitelli autour du métier d'auteure, de romancière mais pas seulement. Je la remercie de m'avoir accordé du temps et j'en profite également pour remercier les Editions du Caïman de m'avoir aidé pour chroniquer le livre.

Vous pourrez retrouver Maria le 7 avril au cinéma le Méliès de Saint-Etienne pour une soirée autour du roman et de la musique.

Tout d’abord, peux-tu te présenter ?

Maria P. Mischitelli : Je m'appelle Maria P. Mischitelli et derrière le P on met ce que l'on veut. J'ai écrit deux livres : un premier recueil de poésie en Italien, un deuxième qui est un roman. Et là, j'ai eu l'opportunité d'être publiée par les éditions du Caïman pour un polar : La Solitude des Bois Noirs.

Ce n’est pas ton premier livre, tu en as écrit deux en Italien, le dernier en français ? Est-ce plus facile en italien, en français ou c'est tout aussi compliqué ?

Maria P. Mischitelli : (rires) La dernière ! C'est plus ou moinscompliqué, mais on n'écrit pas la même chose. L'italien représente ma famille, mes origines, c'est très affectif. J'ai de l'affect aussi pour le français puisque j'ai grandi en France. C'est une langue que j'ai dû apprendre pour ma relation au monde en quelque sorte.

Et tu écris directement dans la langue concernée ?

Maria P. Mischitelli : Oui.

Quels sont tes auteurs fétiches ? Tes références littéraires ? Notamment en matière de polar.

Maria P. Mischitelli : Le premier qui me vient à l'esprit, c'est bien sûr Italo Calvino, parce que je l'ai beaucoup étudié et que je l'adore. Ce n'est pas un auteur de polars. J'ai découvert récemment Bertrand Belin et aussi Roberto Bolano.

Il y en a plein d'autres qui me plaisent comme Andréa Camilleri qui a écrit la série des Montalbano, Donald Westlake qui est un auteur américain, Fred Vargas en ce qui concerne la littérature policière.

Parlons de La solitude des Bois Noirs. Peux-tu nous en dire un peu plus au sujet de ce roman qui est, je crois, ton premier polar ?

Maria P. Mischitelli : Il se passe pas loin de là où j'ai grandi (j'ai grandi à Saint-Etienne). J'ai toujours aimé cette atmosphère ; c'est parti d'une atmosphère avec ces grands arbres, qui donnent des sous-bois assez sombres et provoquent des sensations un peu particulières, pleines de mystère.

Combien de temps as-tu mis pour écrire ce roman (et les autres aussi d’ailleurs) ?

Maria P. Mischitelli : C'est difficile, parce que c'est souvent des moments que je vole (rires). On vole ces instants d'écriture au reste, ce qui fait notre vie. Je dirais une année. Tout dépend si on entend avec les corrections. Je l'ai pas mal remanié, parce que c'est mon premier polar. J'ai travaillé l'intrigue, qui pose plus soucis. Les personnages eux, je les voyais bien.

Qu’est-ce qui arrive en premier ? L’intrigue ? Les sujets "secondaires" ?

Maria P. Mischitelli : Alors. Je suis une lectrice de romans policiers, j'aime les polars et c'est pour moi un style majeur. Il permet d'aborder tous les sujets que l'on veut. Notamment des sujets sociaux (comme le racisme). L'intrigue est aussi un prétexte pour aborder cela.

C’était important de situer cette intrigue ici dans la Loire ? Tu aurais pu situer cette même histoire en Italie ?

Maria P. Mischitelli : Je n'aurais pas raconté la même chose, le contexte n'est pas tout à fait le même. Même s'il y a aussi des problèmes comme le racisme malheureusement. Non, je pense que j'aurais raconté une autre histoire plus en lien avec les spécificités de la société italienne. Par exemple, j'aurais dénoncé certaines actions du parti d'extrême-droite au pouvoir depuis septembre 2022.

Dans quelle mesure y a-t-il de l’autobiographie dans un roman ?

Maria P. Mischitelli : Même si on ne le veut pas, je pense que cela se fait un peu automatiquement. On "picore" un peu à droite à gauche ce que l'on voit, parce que les gens nous inspirent. C'est le travail d'auteur, d'aller puiser dans la réalité. Il y a une phrase qui explique que le lecteur n'attend pas que l'histoire d'un roman soit vraie, mais qu'elle soit vraisemblable. On met forcément quelque chose de soi derrière la fiction.

Il me semble que tu as chanté au sein de The Off Keys. Tu écrivais les paroles ?

Maria P. Mischitelli : J'écrivais les paroles et en anglais cette fois-ci.

Il y a de l'italien à un moment ?

Maria P. Mischitelli : Oui sur le titre "Underground" qui est inspiré d'une nouvelle d'Italo Calvino tirée de ses Cosmicomics. Et j'ai chanté aussi dans Resistenza.

Penses-tu renouveler cette expérience un jour ?

Maria P. Mischitelli : Oui j'aimerais bien. J'essaie de remonter un projet autour de chansons de jazz et bossa nova, en anglais et en brésilien. C'est un peu comme dans mon roman, c'est un peu la Tour de Babel, il y a pas mal de langues, d'origines, de cultures et j'aime ça.

On le ressent dans le livre, c'est amené naturellement. J'ai juste eu du mal avec le premier chapitre, plutôt très "abstrait" pour moi...

Maria P. Mischitelli : Pour en revenir sur les langues par exemple, le but n'est pas de dire "je les connais toutes", par exemple l'espagnol je ne le connais pas tellement, ce qui m'intéresse c'est l'ouverture aux autres, la tolérance, s'enrichir grâce aux autres. On peut s'enrichir au travers des langues, de la musique notamment.

Et concernant l'ouverture du livre, c'est poétique. Comme je le disais en début d'interview, j'ai commencé par écrire des poèmes et pour moi la poésie est importante et forcément liée à la nature. Pas seulement, il y a plein de choses, même des personnes qui sont poétiques. Pour moi, c'était important de décrire les Bois Noirs comme un endroit empreint de poésie.

Est-ce qu'écrire des paroles t’a aidé dans l’écriture ?

Maria P. Mischitelli : Par rapport au roman peut-être pas. Plus quand on veut écrire des nouvelles parce que le format est également court. En ce moment, je travaille sur deux nouvelles qui feront partie de deux recueils collectifs, toujours publiés chez Caïman. Tous les exercices d'écritures servent bien évidemment. Cela apprend à condenser parfois ce qu'on veut exprimer.

Écris-tu en musique ?

Maria P. Mischitelli : Il me faut du silence. Je trouve que le silence c'est bien. C'est une chose qui a tendance à disparaître malheureusement. Partout où tu vas, on t'impose de la musique, même si j'aime la musique on l'a bien compris. Il est de plus en plus difficile de trouver du silence et pourtant on en a besoin. Pour moi l'écriture c'est le silence.

Quels sont tes musiciens ou groupes préférés ?

Maria P. Mischitelli : J'en ai pas mal et dans plusieurs styles. Je n'aime pas me cantonner à un style. J'aime la variété du vivant.

En rock j'adore P.J Harvey que j'ai beaucoup écoutée et que j'écoute encore. Marisa Monte qui est une chanteuse brésilienne. Sarah Vaughan, Billie Holiday. Des grandes dames que je trouve inspirantes. Je découvre des choses aussi avec mon fils, j'aime bien Bigflo et Oli ou Soprano. Il y a les classiques comme Brassens ou Brel et des nouveaux comme Clara Lucchiani.

Mon père chantait de l'opéra à la maison et j'aime beaucoup l'opéra italien. Il y a de la qualité partout et c'est bien de ne pas se limiter à une langue, une culture, une musique, etc.

Peux-tu nous en dire plus sur la maison d'édition : Les Éditions du Caïman ?

Maria P. Mischitelli : C'est une maison d'édition qui est à Saint-Etienne et qui rayonne partout en France. Elle a douze ans, elle est spécialisée dans le polar et ils font un travail formidable. Notamment le directeur Jean-Louis Nogaro qui est pour moi un "résistant". C'est difficile aujourd'hui d'être un auteur indépendant et d'être défendu. Il y a encore des gens passionnés et qui veulent apporter de l'éclectisme dans un monde où on a tendance à tout vouloir standardiser. C'est quelqu'un de formidable.

J'ai aimé cette sensation d'équipe avec d'autres auteurs de cette maison que j'ai rencontrés. Il n'y a pas de notion de compétition, mais de bienveillance et ça me plaît !

C'est eux qui sont venus te voir ?

Maria P. Mischitelli : Je les ai sollicités. Il y a, à Saint-Etienne, un label : Le Cri du Charbon, une autre maison d'éditions : Jarjille et on en parle peu malgré le très bon travail qu'ils font !

Cela tombe bien, puisque pour découvrir tous ces éditeurs, il y aura les 1er et 2 avril le Salon des éditeurs indépendants à la Bourse du Travail de Saint-Etienne (NDLR : je ne l'ai pas fait exprès, promis, je ne le savais pas). Pour découvrir toute cette diversité et cette qualité.

Imaginons que ton ou ta meilleur(e) ami(e) parte sur une île déserte, quel livre ou quel album de ta collection lui donnerais-tu en souvenir de toi ?

Maria P. Mischitelli : Cela dépend de l'ami(e). Cela sera un livre d'Italo Calvino quoiqu'il arrive. Ca serait Les Villes Invisibles, qui est un livre à la fois poétique et... merveilleux. Et comme album, un album de Sarah Vaughan.

Pour conclure : quels sont tes conseils de lecture et pourquoi pas musicaux, cinématographiques ou même séries, du moment ?

Maria P. Mischitelli : J'en ai parlé tout à l'heure, Bertrand Belin que je ne connaissais pas comme écrivain. Jean-Paul Delfino dont j'ai traduit deux romans, un auteur majeur.

On peut aussi découvrir les autres auteurs des Editions du Caïman. C'est à chacun de chercher, de ne pas se cantonner. Il faut aller fouiller et faire preuve de curiosité. Les rencontres se font comme ça, en allant au-delà de ce que l'on peut nous présenter sur la première table d'une librairie.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "La solitude des Bois Noirs" du même auteur

En savoir plus :
Le site officiel de Maria P. Mischitelli
Le Facebook de Maria P. Mischitelli


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