Bret Easton Ellis
(Editions Robert Laffont) mars 2023
Ce nouvel ouvrage de Bret Easton Ellis, auteur américain génial, était l’un des livres les plus attendus de l’année. De mon côté, je suis fan de cet auteur, du génial Lunar Park mais aussi de Moins que zéro. J’avoue par contre que ces derniers ouvrages m’ont moins convaincu, notamment Les lois de l’attraction et White, un essai ceci dit.
Alors même si j’étais ravi de voir qu’un nouvel ouvrage de Bret Easton Ellis allait arriver, je ne m’attendais pas à grand-chose non plus, si ce n’est que j’espérais y retrouver ce qui avait pu me plaire dans ses plus vieux ouvrages.
Et bien je ne suis pas déçu de ce nouvel ouvrage, j’y ai retrouvé ce que j’aime chez cet auteur. Les éclats est un excellent ouvrage qui se déroule dans le Los Angeles du début des années 80. Bret a 17 ans, il est plongé dans l’écriture de Moins que zéro et entre en terminale au lycée privé de Buckley. Avec Thom, Susan et Debbie, sa petite amie, ils expérimentent les rites de passage à l’âge adulte : alcool, drogue, sexe et jeu de dupes.
L’arrivée d’un nouvel élève fait voler leurs mensonges en éclats. Beau, charismatique, Robert Mallory a un secret. Et ce secret pourrait le lier au Trawler, un tueur en série qui sévit dans les parages. Terrorisé par toutes sortes d’obsessions, Bret se met à suivre Robert. Mais peut-il se fier à son imagination paranoïaque pour affronter un danger menaçant ses amis et lui-même, et peut-être la ville et le pays entier ?
C’est pour le coup un véritable roman que nous propose l’Américain, un roman dans la lignée de ceux qui ont rencontré un véritable succès dans lequel il reprend une bonne vieille recette qui a toujours bien fonctionné : un serial killer, une bande de jeunes favorisés qui tournent à la coke avec du champagne qui coule à flot, de superbes baraques avec piscine et des nanas sexys en maillot de bain et la ville de Los Angeles.
Ici, l’ouvrage a une dimension autobiographique puisque le personnage, c’est Bret que l’on découvre au début du livre aujourd’hui se remémorant l’année 1981, une année charnière dans sa vie, marqué par un tueur en série qui sévit et Bret qui se cherche. L’homme qui se rapproche de la soixantaine se penche donc à nos côtés sur le garçon qu’il était à 17 ans.
L’ouvrage est l’occasion de comprendre ou d’en savoir plus sur l’auteur, sur sa bibliographie tant il n’hésite pas à se dévoiler, jusque dans son intimité et ses orientations sexuelles. C’est un auteur à la vie dissolue, que l’on retrouve au passage dans la construction et le style de ses bouquins.
L’ouvrage est aussi l’occasion pour le lecteur de retrouver les nombreuses références culturelles des années 80 présentes dans l’ouvrage. Ceux qui étaient jeunes dans ces années 80 se retrouveront sûrement au milieu de David Bowie, de Shinning, de Georges Orwell.
Alors voilà, c’est encore un ouvrage bien dense, enfiévré, vénéneux et puissant que nous propose l’auteur américain. Un ouvrage compliqué à vous résumer, terriblement haletant même lorsqu’il part dans tous les sens, un ouvrage plein de cynisme aussi, une des marques de fabrique de l’auteur qui témoigne aussi d’une véritable sincérité. Une sincérité autour de son homosexualité, qu’il a eu beaucoup de mal à affirmer et à admettre. Une sincérité aussi sur sa construction, sur ce qu’il est devenu et ce qu’il est aujourd’hui.
Et pour finir, l’ouvrage se démarque aussi par la grande qualité d’écriture de l’auteur, superbement traduit au passage qui excelle dans tous les registres. On se délecte des nombreuses scènes de dialogues mais aussi des longs passages narratifs jamais barbants.
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