Pour
les néophytes, Lisa Gerrard est la voix superbe et mystérieuse
qui officiait dans le groupe Dead Can Dance, disparu en 1998, aux côtés
du non moins mystique Brendan Perry.
Depuis, la belle Lisa a eu le temps de faire des enfants et deux albums solo
dans la veine de Dead Can Dance (The mirror pool et Duality)
et a collaboré, notamment avec Hans Zimmer, à de nombreuses
bandes originales de films (Heat, Gladiator, The Insider).
Cette année, elle revient dans l'actualité avec l'annonce d'un
album Immortal Memory composé avec le producteur Patrick
Cassidy qui devrait sortir en septembre prochain et la bande originale
qu'elle a intégralement composée pour un film néo zélandais
Whale Rider.
Bande son à l'origine, Whale Rider n'en constitue pas moins un album
à part entière, les rares extraits des dialogues étant
parfaitement fondus avec les morceaux qui forment un ensemble homogène
et dont la combinaison cohérente ne relève pas de la simple juxtaposition.
Les morceaux, assez courts, s'enchainent si bien les uns aux autres que l'on
jurerait presque que ce disque ne comporte qu'une piste. Cohérence d'autant
plus appréciée que nombre de bandes originales de film ne sont
qu'un couper / coller malheureux n'étant pas des plus propices à
plonger dans l'ambiance, tant du film que de la musique elle même.
Dès "Paikea Legend", le bruit de la mer disparu,
la voix discrète de Lisa Gerrard (l'album est quasi entièrement
instrumental) se pose sur des mélodies brumeuses, à peine palpables
et les notes planantes. On entre dans un univers qui nous fait toujours regretter
Dead Can Dance mais qui n'a rien à lui envier. Ce disque quasiment entièrement
composés d'instruments à corde est de toute beauté.
Et si les cordes sont omniprésentes, les 'schblang' de cymbales et autres
roulements de tambours dignes de Pavarotti au stade de France nous sont épargnés,
pour ne garder que l'essence même de l'émotion contenue dans la
musique de Lisa Gerrard qui prouve par ce disque qu'elle est bien plus qu'une
voix innoubliable et qu'elle sait composer des mélodies superbes et construire
une ambiance forte.
Pourtant le thème un peu new age n'est pas aisé et Lisa aurait
pu se retrouver plus facilement dans les bacs de nature et découverte
que dans la discothèque des fans de Dead Can Dance. Ce n'est pas le cas
et indépendament du film que cette BO illustre, ce disque a sa propre
vie, que l'on souhaite la plus longue possible sur nos platines. |