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Thierry Binisti  (avril 2023) 

Réalisé par Thierry Binisti. France. Comédie dramatique. 1h40 (Sortie 12 avril 2023). Avec Alice Isaaz, Adam Bessa, Ilan Debrabant et Catherine Salée.

On se plaint toujours que le cinéma français n'aborde pas franchement les "grands sujets du moment". On ajoute "contrairement au cinéma américain".

"Le prix du passage" de Thierry Binisti prouve le contraire. Evidemment, certains dirons qu'il maltraite plus qu'il ne traite la question des migrants qui cherchent à passer en Angleterre à partir de Calais.

Bien entendu, la ville ne sera jamais vraiment montrée et les scènes qu'on ne voit jamais sur les chaînes en continu, celles où la police lacère les tentes des migrants et les arrose de lacrymos, défilent ici uniquement dans le générique. Mais un spectateur attentif pourra, tout au moins, témoigner qu'elles se trouvent dans le film.

"Le prix du passage" aurait été une œuvre majeure si son réalisateur avait osé des images "réalistes". Ce ne sera qu'un bon film français puisqu'il évoque son sujet sans parti pris naturaliste, sans chercher à s'approcher du réel.

Comme la plupart de ses homologues, Thierry Binisti croit au scénario et, quoi qu'il en coûte à son projet, s'entête à s'y tenir. Alice Isaaz, qui tient en Natacha le personnage qui peut enfin lui valoir ses galons de vedette à la Laure Calamy, est une trentenaire qui traîne une vie pas très heureuse dans les Hauts-de-France profonds.

Il faut dire qu'elle se l'est bien compliquée en ayant à charge Enzo, un enfant d'une douzaine d'années. Entre petits boulots mal payés et amours sans reliefs, son avenir n'est pas joyeux joyeux.

Heureusement, le "réel", celui de la fiction dans laquelle elle patauge, va la rattraper sous forme de ces migrants avec qui elle était, jusqu'à maintenant, incapable de communiquer, tellement elle était murée dans son indifférence calaisienne.

En rencontrant Walid, le changement va être radical. Et Thierry Binisti va alors ressortir une carte ancienne du cinéma français : celle du "réalisme poétique" à la Carné-Prévert. Walid, étudiant syrien en littérature devenu homme-de-nulle-part va s'associer avec la fille à la mauvaise vie.

Ensemble, ils mettent au point ce qu'il faut bien appeler un "trafic de chair humaine" puisque Natacha prendra le ferry pour Douvres avec des migrants dans son coffre de voiture... Comme elle multipliera les allers et retours, cela donnera l'occasion à quelques belles séquences pleines de "suspense", des scènes tendues où l'on espère que la jeune femme réussira des traversées de plus en plus risquées.

Si le film y gagne en efficacité, il y perd parallèlement en crédibilité : on imagine bien qu'on puisse réussir une ou deux fois un tel passage, mais assez pour que Natacha résolve ses problèmes d'argent, achète une nouvelle voiture, un écran plat et change de résidence, cela paraît guère plausible.

Et cela dessert aussi le message : si toutes les Calaisiennes fauchées faisaient de même, on aurait depuis longtemps éradiqué la "jungle de Calais". D'autant qu'elle s'est associée avec un migrant qui a tout pour lui, francophone, lettré, belle âme... Pourquoi participe-t-il à ce trafic sur lequel il prélève sa part ?

Les raisons invoquées sont assez légères et tout cela accrédite les thèses sur les passeurs qui auraient intérêt à maintenir les choses en l'état. Pour rajouter du suspense, et y parvenir allègrement, Thierry Binisti "invente" une espèce de mafia parmi les migrants qui en veut à Walid de ne pas partager avec elle.

Ces "méchants" ont l'air de prospérer dans cette zone de non droit, preuve que la police a raison d'y intervenir franco. Toujours en BMW ou Mercédès, ils sont franchement basanés, auraient tout pour réguler les passages et cela confirme qu'ils sont peut-être la cause du problème plus que les états européens...

Au final, Thierry Binisti est loin d'avoir traité la question épineuse qu'il s'était promis d'examiner. En échange, on a eu un très bon thriller à la française.

La jeune femme et son fils auront pris en 90 minutes une leçon d'altérité en découvrant que "l'étranger" est un être humain normal t peut-être un peu plus humain qu'un Calaisien moyen. On sera aussi un peu gêné par la "pudibonderie" d'un scénario qui laisse très mystérieuse la relation entre Natacha et Walid.

Avant "Le prix du passage" de Thierry Binesti, l'une des seules fictions à évoquer Calais et le sort des migrants avait été "Welcome" de Philippe Lioret. C'était en 2009 et le film abordait aussi la question de manière périphérique. Il est fort à parier qu'il n'y en aura pas beaucoup d'autres dans les dix ans à venir. Raison de plus de ne pas rater "Le prix du passage".

 

Philippe Person         
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