Incroyable !
Jamais vu un Zénith dans une ambiance aussi froide, limite désagréable. Peu d'applaudissements ou d'encouragements au début, les premiers rangs ne bougent pas ne serait-ce le bout de la coque de leurs Doc Marten.
C'est dans cette atmosphère glaciale et enfumée qu'Andrew Eldritch pénètre sur cette arène de cirque, quasi-tribunal, où l'on s'attend à voir des centaines de pouces se baisser. Mais voilà : cela convient particulièrement aux Sisters et à leur leader en particulier.
Dès "Crash & Burn", le son brut, les guitares laminent, les basses et rythmes électromécaniques martèlent impitoyablement.
Musicalement, c'est une expérience exceptionnelle aux rares défauts : un omni pas facile à appréhender. Eldritch chante bien, sa voix transperce littéralement l'espace de la salle à certains instants.
Sans concession aucune, il enchaîne à une vitesse incroyable ses nouveaux titres ("Suzanne", "Will I dream", "Slept") comme les rouleaux compresseurs "Alice", "Anaconda", "Corosion" ou "Dominion". Il s'essaie même à des recompositions improbables de certains morceaux ("Dr jeep", "Flood1", "Lucretia", "I was wrong").
Derrière son écran gazeux, ses lunettes de protection (les lumières sont intenses), le crâne rasé, Eldritch, est impérial, prouvant à un parterre de goths endimanchés ou dépenaillés qu'il est encore l'un des maîtres du genre et qu'il s'est renouvelé.
Au fur et à mesure, l'audience se réchauffe mais ça ne sera pas vraiment ça. Il s'agit plutôt d'un concert aux forceps : froids, limite brutaux, efficaces, voilà les Sisters 2006.
N'en déplaise à ceux qui se sont arrêtés avec Floodland ou First & Last… Non le groupe n'est pas mort en 1992. Il ne s'agit même pas d'une résurrection puisque le groupe ne cesse de tourner depuis 10 ans proposant sans cesse de nouvelles compositions à ses fans de base, les Heartlanders (dont je ne suis pas, juste un ex-Dominionist).
C'est bien simple : il n'y a rien de meilleur dans le genre aujourd'hui. |