Réflexion sur le système médiatique et politique de l’information conçue par Aurélie Van Den Daele et Sidney Ali Mehelleb avec Hélène Servel, Morgan Large, Lauryne Lopes de Pina et Sidney Ali Mehelleb.
Dans un dispositif de "mise en pièce de l'actualité" initié au Théâtre du Point du Jour à Lyon, "Grand ReporTERRE # 6" présente le journalisme d'investigation dans un contexte où la presse est détenue à 90% par de grands groupes appartenant à des milliardaires.
Après une introduction dynamique dispensée par les deux maîtres de cérémonie, Lauryne Lopes de Pina et Sidney Ali Mehelleb, le public se sépare en deux groupes que chacun des deux comédiens accompagne.
L'un des deux commencera sa déambulation par le sud-est et rejoindra dans une salle proche Hélène Servel, journaliste mais aussi violoncelliste qui accueillera le groupe avec son instrument. Sur le mur, une foule de documents : photographies et articles de journaux.
Hélène Servel, journaliste spécialisée dans l'écologie est allé enquêter sur le scandale des travailleurs détachés (africains et sud-américains) venus travailler en France au pied des Alpilles où, sous 40° à l'ombre, ils ramassent des fruits en plein soleil pendant 12 heures dans des conditions de sécurité surréalistes.
C'est la mort d'un travailleur de 32 ans en 2011 qui mis en lumière les pratiques très douteuses de l'entreprise Terra Fecundis qui, par le biais d'une entrepris d'interim exploite une main d'oeuvre isolée et précarisée.
Puis ce groupe fera la connaissance, pour une deuxième partie située en Bretagne de Morgan Large, qui avec son émission "La petite lucarne" sur la radio RKB dénonce les scandales écologiques et sanitaires, de l'élevage intensif porcin aux drames des algues vertes qui s'étendent chaque jour un peu plus sur les plages et les marais à proximité des exploitations industrielles.
Son témoignage édifiant met à mal le modèle agricole productiviste breton (sur un territoire qui compte deux fois plus de cochons que d'habitants).
Dans une troisième partie, les deux groupes se retrouveront et les deux journalistes confronteront leur expérience. Toutes deux travaillant dans des conditions difficiles et intimidées à de nombreuses reprises, elles ont été victimes d'agression ou de sabotages pour tenter de les faire taire car il est évident que leur travail de journalistes indépendantes dérange des intérêts financiers gigantesques.
C'est en formant un collectif de femmes journalistes qui enquêtent sur les questions agricoles qu'elles se sont rencontrées et ont pu se soutenir soutenues. Même si au quotidien, elles hésitent parfois à continuer, elles sont passionnées et passionnantes dans leur recherche de vérité.
Une proposition pertinente, éloquente et pleine de vitalité orchestrée de manière ludique (pour faire passer sans doute la gravité de la situation) par Aurélie Van Den Daele. |