Est-il véritablement possible d’échapper à son passé ? Vaste question qui se pose à la lecture de cet ouvrage, Les rancœurs et la terre, qui vient de sortir aux éditions Buchet-Chastel.

Après le succès du Silence des repentis (qui sort en poche aussi), l’Américaine Kimi Cunningham Grant signe un roman haletant et poignant sur les fantômes qui nous hantent et les choix impossibles qui se dressent sur nos routes.

L’histoire se déroule en pleine campagne autour d’un certain Transom. Fils d’un propriétaire terrien et garcon populaire du lycée, il a grandi avec Chase, son plus proche ami. Tête brûlée, il ne manquait pas d’asseoir son autorité en humiliant d’autres élèves, dont le discret Possum, jusqu’à cette nuit qui tourna au drame et mis en fuite Transom.

17 ans plus tard, lorsqu’il fait son retour dans la ville, il ne se passe pas quelques semaines avant que sa fiancée vienne signaler son inquiétante disparition à Red, le vieux shérif encore hanté par les souvenirs de la terrible nuit. Toutes les hypothèses sont alors envisagées : fuite, règlement de compte, accident.

Très vite, les langues du village se délient : Transom avait racheté les terres de Chase qui était comme son frère, avant de le trahir et de les céder à un gros exploitant. Sous des allures de disputes de lycéens, la rivalité qui opposait Transom à Possum avait des racines plus sombres et plus intimes que ce que Red avait imaginé. Les recherches se poursuivent, chacun doit faire face à son choix : vivre sous le poids du passé ou révéler les secrets enfouis, quitte à tout perdre.

Je ne connaissais pas cette autrice, son ouvrage est très plaisant à lire, même s’il reprend les codes assez classiques des polars avec une double temporalité, le passé du disparu et le présent autour de l’enquete du shérif que nous suivons, les chapitres du livre se nomment "avant" ou "après".

Le scenario tient parfaitement la route, il se dégage de la lecture de l’ouvrage un sentiment d’étouffement qui colle bien aux lieux décrits, aux mentalités des populations, le tout entretenant un suspense concernant le dénouement.

Evidemment, une place importante est accordée aux personnages, à leur histoire et leur psychologie, au cœur de l’énigme. Les relations entre eux reposent sur des rancœurs (d’où le titre du livre) mais aussi des mensonges, des non-dits et de la perfidie.

Les rancœurs et la terre est donc un livre efficace, dans le bon sens du terme, il n’invente rien dans le monde du polar, reste très académique dans sa construction mais il n’empêche qu’il se lit très bien, et très vite aussi, preuve qu’il est réussi. C’est un roman pour l’été, sans prise de tête, qui devrait trouver son public facilement.