Pollyanna est une voyageuse. Si elle a désormais posé ses valises dans la métropole lilloise, elle a auparavant vécu à Marseille et à Paris, tourné en France, mais aussi plusieurs fois aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Peut-être est-ce la raison pour laquelle son nouvel EP Man Time semble à ce point cinématographique.

Cette galette de 6 titres nous emmène d'histoire en histoire mais aussi de paysage en paysage. S'il était tentant d'enfermer Isabelle Casier, le véritable nom de Pollyanna, dans la case déjà bien remplie des chanteuses folk, ce nouvel EP montre qu'une jeune femme avec une guitare sèche n'est pas prédestinée à n'avoir qu'une corde à son arc, ou à sa guitare.

En ouverture, "Your Smile Is Cold" place l'auditeur dans un univers country-folk assez confortable. Mais très rapidement, "Love Twice" s'avère avoir plus de connexions avec les Crash Test Dummies et les Dandy Warhols qu'avec Emmylou Harris. La ballade "Four Seasons" et "Diamond Ring", la chanson qui se plie le plus aux critères folk, pourraient apparaître les plus classiques de l'EP, mais les paroles sont alors décalées par rapport aux canons des chansons d'amour folk. Man Time a un environnement plus urbain et brutal défini par des sons métalliques. "Railroad Boy", tiré d'un morceau traditionnel, gagne un mystère proche de l'univers de Jorane, certainement en raison du traitement du violoncelle, tout en faisant voler la poussière de la piste.

Sur scène, accompagnée d'un violoncelliste et parfois d'une joueuse de banjo, Pollyanna accentue les couleurs country-folk de ses chansons tout en racontant d'amusantes anecdotes où il est question de mammouths ou en expliquant la genèse des titres. Finalement se laisser porter par les histoires musicales de Pollyanna peut être vécu comme un moyen de voyager à travers la complexité des sentiments et l'absurdité du monde qui nous entoure tout en conservant les pieds sur terre.