Seul en scène humoristique conçu et interprété par Tom Delierville.
Tous les amateurs des romans policiers de l'iconique et parodique série San Antonio créée par Frédéric Dard connaissent son coéquipier et indéfectible ami l'inspecteur Bérurier pompeusement prénommé Alexandre-Benoît, alias Béru, hybridation de l'ogre rabelaisien et du Gros dégueulasse de Reiser.
Cette figure plébéienne brute de décoffrage et au coeur immense a été érigée en principal protagoniste d'opus dédiés dont celui intitulé "Si queue-d'âne m'était conté" qui annonce sans ambiguïté le ton comme son contenu.
Résolument paillard en résonance avec la taille imposante de l'appendice sexuel du bonhomme dont il fait un usage immodéré, il relate la vie sexuelle de ce héros de la galipette à qui la simple vue d'"une femme donne le tricotin" par le truchement d'une recension autobiographique opérée par enregistrement sur un magnétophone à bandes.
Ce que Tom Delierville propose d'apprécier "in vivo" dans un seul en scène tout simplement titré "Bérurier" délivrant des morceaux choisis particulièrement égrillards, avec en point d'orgue son coup de foudre pour Berthe qui deviendra sa légitime aux initiales B.B.complètement raccord avec les appétences maritales sur la chère et la chair.
Et il prend à son compte tant le pittoresque personnage dans une efficace incarnation naturaliste que ses outrances langagières et sa verve argotière de "première bourre" qui le caractérisent tout comme la maxime bérurienne "Qui dit vie, dit vit".
Car Frédéric Dard a doté Bérurier d'un cerveau, peut-être archaïque mais néanmoins traversé de préoccupations existentielles et réflexives, et la situation comme la partition avec ses instillations métaphysiques ne sont pas sans évoquer la dernière bande beckettienne.
Tom Delierville réalise un superbe exercice d'oralisation pour célébrer une maelstromique épopée sexuelle certes propice à froisser les oreilles chastes mais jubilatoire pour le meilleur du rire roboratif. |