Cabaret marionnettique conçu et mis en scène par Johanny Bert, avec Johanny Bert, Lucie Beaune, Guillaume Bongiraud et Cyrille Froger.
Avant "La (nouvelle) Ronde", qui illustrait, sur une partition du dramaturge Yann Verburgh, la philosophie de la jouissance et d'une sexualité hédoniste "no limit" libérée de toute entrave et normes sociétale, politique ou morale au nom de l'amour, le marionnettiste Johanny Bert a conçu le spectacle musical "HEN, cabaret insolent".
Une création qu'il indique résulter "d’une recherche sous forme de laboratoires sur les questions d’identités et de genre confrontée à une recherche sur les origines d’un théâtre de marionnettes subversif".
Les caractéristiques de l'opus tiennent à son ancrage à l’intersection des différentes minorités et à l'hybridation de registres scéniques, du cabaret transformiste à la scène performative queer et "female gaze" en passant par le récital et le music hall.
Si qualifié de "cabaret insolent", il revêt essentiellement la forme d'un récital en raison de l'unicité d'intervenant dont le nom correspond au pronom "hen" équivalent suédois du néo-pronom non genré "iel" que veut imposer la communauté LGBTQ+ dénonçant le caractère discriminant des pronoms en usage dans la langue française.
Toutefois, si le personnage se présente en préambule comme comme "un pantin, une chimère, libre et insolente qui peut devenir toutes les identités", il se définit comme "non transgenre, encore moins travesti".
Et son médium marionnettique réalisé par Eduardo Felix s'avère genré avec une physionomie féminine, certes outrancière comme certaine représentation caricaturale mais sans ambiguïté, de callipyge aux seins hypertrophiés et au visage stéréotypé par la chirurgie esthétique avec yeux immenses, minuscule nez raboté et lèvres effet "duck face".
Dans la nudité style Crazy Horse ou en rutilants costumes de plumes et paillettes confectionnés par Pétronille Salomé, Hen se produit en adresse au public avec les incontournables intermèdes y afférant qui, outre les inserts autofictionnels, militent en faveur des théories du genre et du droit à l'auto-engendrement.
Diva drama-queen avatar des travestis "gender fluid", telle une Miss Knife qui aurait l'insolence gouailleuse de Charlène Duval, elle chante et revendique la liberté du corps, de la parole et de l'amour avec un répertoire à large prisme.
Du néo-réalisme mélancolique au fantaisiste avec des reprises, ainsi de l'underground punk avec Eternelle" de Brigitte Fontaine et de la pochade avec la stupéfiante revisite de "Tata Yoyo" d'Annie Cordy et surtout des textes originaux tels "L’amour anatomique" et "Le genre utopique" dont certains aux punchlines féministes trash qu'elle balance avec le ton sirupeux d'une hôtesse de l'air.
Et avec l'accompagnement des musiciens, le , percussionniste Cyrille Froger et le violoncelliste Guillaume Bongiraud, signataires des arrangements, Lucile Beaune et Johanny Bert à la manipulation de la marionnette, ce dernier officiant également, et de manière convaincante, au chant avec une voix de contralto, donnent vie à une superbe créature.< |