Ça chante la diagonale du vide comme on traverserait le désert d’Atacama ou de Sibérie, tout dépend du style de bâtiment pénitentiaire que vous souhaitez rejoindre, les Daltons ou le Goulag. The Marshals signe là son sixième album de blues hexagonal.

Ils collent à la peau comme les plumes dans le goudron, impossible de s’en débarrasser, il n’y a que le grand cagnard pour les faire fondre, et encore, il en resterait des traces. Julien Robalo à la guitare, Thomas Duchézeau à la batterie et Laurent Siguret à l’harmonica sont les mousquetaires du far west auvergnat. Ils ne l’ont pas créé mais ils réinventent assurément le mythe des Etats Sud-américains ou du Texas. Ces territoires ont vu naître le blues, The Marshals se l’approprie.

L’ambiance est chaloupée, le rythme donne des envies de se dandiner au milieu des rangées de petits pois et de courir après le lièvre qui les a dévorés. Loin d’être ridicule, la scène est au contraire une réponse au fluide qui gronde à l’intérieur, ça apaise sans minimiser la déception. N’est-ce pas pour ça que le blues naquit jadis ?

C’est sans condescendance aucune que The Marshals est rustique et authentique, ils musiquent l’air de rien tandis que les percussions s’agrippent à vos orteils, que les harmonies envolent vos bras et que les guitares parlent directement au palpitant, lui intimant de flotter au-dessus de tout ceci et de profiter ou de se morfondre, mais en musique. Et ça fait du bien. Follement. Ça détache et ça rapproche.

L’album a été enregistré dans le Parc des Volcans d’Auvergne. Peut-être est-ce là l’explication de ce grondement sous-jacent ? De ce feu qui couve sous la cendre ? Peut-être en aurait-il été de même tout en haut de ch’terril ? Je ne saurais le dire précisément, toujours est-il que les neufs morceaux de la session enregistrée chez Le P’tit Cham respirent à la fois la mélancolie et la grandiloquence des grands espaces.