Peut-on séparer l’homme de l’artiste ? Voilà une question qui revient souvent dans le débat culturel. Une question qui en appelle d’autres : jusqu’où pouvons-nous aimer un artiste criminel ? Y a-t-il une gradation dans l’échelle du crime ? L’art peut-il être placé au-dessus de tout ? Et donc, peut-on séparer le Gesualdo compositeur du Gesualdo homme ?
Carlo Gesualdo, issu d’une famille noble et riche du royaume de Naples n’est en effet pas uniquement célèbre pour la sublime richesse mélodique de ses madrigaux (peut-être les plus beaux jamais écrits), sa science de la polyphonie, sa virtuosité contrapuntique, sa profonde modernité, ses audaces, mais également pour le meurtre atroce dont il est l’auteur, la nuit du 16 octobre 1590 sur sa première femme Maria d’Avalos et son amant Fabrizio Corona. Un crime qui à l’époque ne l’était pas, le code d’honneur napolitain consentait la vengeance à un mari trompé si le meurtre était fait par ses propres mains. On y ajoutera le mythe du compositeur maudit : la mort de ses deux enfants, même la sienne assez mystérieuse en septembre 1613, un penchant pour le masochisme, ses flagellations pour expier ses fautes.
Il y a toujours cette envie de rapprocher sa musique de ses "obsessions" pour son péché personnel, ses remords, ses démons et son envie d'absolution. C’est un raccourci trop rapide. Pour autant, comment ne pas entendre cette imploration de miséricorde dans les recueils de ces Sacrae Cantiones (ici le livre I) parus en 1603 dans ces textes, dans ces dissonances, ces progressions mélodiques, ces couleurs ?
L'ensemble Il Pomo d'Oro choir, dirigé par Giuseppe Maletto transmet toute l’intensité dramatique de cette musique.
# 01 octobre 2023 : Un été indien vaut mieux que deux automnes tu auras
Encore quelques jours de beau temps pour profiter des terrasses. Que cela ne vous empêche d'y emporter vos livres, votre musique ou de gambader sous le soleil jusqu'au théâtre, au cinéma ou au musée...