Beaucoup parmi nous ont pu avoir un avant-goût de la musique de György Ligeti par son usage dans la filmographie de Stanley Kubrick qu’il s’agisse de l’énigmatique Musica Riceratta égrenant des notes qui prolongent l’énigme et les impasses du désir dans Eyes Wide Shut, ou l’inquiétante étrangeté glaçante de l’apparition du monolithe de 2011 Odyssée de l’espace.
On en découvrira plus dans cet ouvrage publié chez Fayard. Le compositeur juif-hongrois est un homme qui intuitionne profondément son époque, et qui n’appartient jamais à une école même s’il se nourrit de ses rencontres. Ligeti était à la fois un professeur exigeant et un éternel étudiant de la vie et des sciences. Ces domaines ont nourri sa musique comme les musiques africaines mais toujours en étant digérées et jamais posées comme un métissage explicite.
Voici quelques uns des aspects qu’on pourra apprendre dans cette magnifique biographie écrite par Karol Beffa. Elle permettra au lecteur français de comprendre la trajectoire du compositeur hongrois dont le destin profondément européen voire cosmopolite et l’œuvre magistrale illuminent toujours l’inspiration des compositeurs actuels.
D’emblée la qualité essentielle de cette biographie est qu’elle ne tombe pas dans l’écueil de la diachronie lassante et stérile. Tout au contraire, c’est au fil d’une brillante intrication du vécu et de l’œuvre que les chapitres avancent, en nous mettant en appétit et en maintenant constamment notre intérêt.
Rien de plus de étonnant de la part de Karol Beffa d’avoir su communiquer d’une manière aussi brillante son intérêt pour Ligeti à l’image de sa leçon inaugurale au Collège de France : "Comment parler de musique ?".
On perçoit à demi-mot entre les lignes, l’érudition nourrie, la connaissance très exacte des problématiques de l’œuvre ligétienne mais sans jamais tomber dans l’écueil d’un discours saturé ou dans les anecdotes creuses. La lettre du texte est en elle-même une forme d’hommage à Ligeti qui, par pudeur, rechignait à s’égarer dans le pathos. Karol Beffa nous marque donc par la justesse du ton dans cette biographie à présent indispensable et qui fera référence.
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Encore quelques jours de beau temps pour profiter des terrasses. Que cela ne vous empêche d'y emporter vos livres, votre musique ou de gambader sous le soleil jusqu'au théâtre, au cinéma ou au musée...