Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Raphael Pellegrino
Interview  (Paris)  27 avril 2006

Dans "Ni père, ni héros", Raphaël Pellegrino est seul sur scène. Un texte fort, vibrant, qui prend au cœur, aux tripes et à l'âme, écrit avec des larmes de sang, pour parler de sa famille, de ceux qui l'ont fait tel qu'il est aujourd'hui. Peut être pour être enfin lui-même demain.

Rencontre avec un comédien singulier.

Vous n'êtes pas un comédien "de naissance". Vous avez eu une vie avant le théâtre. Quel e a été le catalyseur ou l'événement qui vous a incité à devenir comédien ?

Raphaël Pellegrino : Pourquoi faire du théâtre? Il n'y a pas eu de raison objective. J'ai fait du théâtre dit en amateur, appellation qui n'a au demeurant pas de sens car le théâtre est le théâtre et pour une tout une série de bonnes et de mauvaises raisons, j'avais envie de quitter la Belgique. J'ai fait un stage au cours Florent où ça s'est très bien passé et ils m'ont proposé d'intégrer la 2 ème année. Je pensais que le cours Florent était une institution prestigieuse et donc je trouvais ça très bien. J'avais aussi les moyens financiers de le faire.

Donc je l'ai fait. Je suis venu ici car ma carrière professionnelle cela faisait 15 ans je travaillais. Il y avait toutes les bonnes raisons soit de continuer très longtemps soit de s'arrêter à ce moment-là. Et j'ai décidé d'arrêter et de passer à autre chose. Et le théâtre, pourquoi pas? Cela aurait pu être le tour du monde ne voilier et ça a été le théâtre à Paris.

Le passage du comédien à l'écriture s'est également fait de cette manière ?

Raphaël Pellegrino : C'était une nécessité. Le décès de ma mère. Je dis en préface de la pièce que c'est une rencontre du hasard et de la nécessité comme le disait Jacques Monod (ndlr : Jacques Monot, biochimiste, Prix Nobel de médecine, auteur de "Le hasard et la nécessité" un Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne . C'est le plus correct comme réponse. C'est exactement cela.

J'éprouvais un besoin de me libérer de tout ce qui est dit dans cette pièce et les premières écritures confiées à d'autres personnes m'ont incité à penser qu'il y avait là matière à poursuivre. Et ma foi j'ai aussi lu certaines pièces écrites par des comédiens à l'école et j'ai donc progressivement pris confiance en moi dans la possibilité de livrer quelque chose d'intéressant.

Cette fonction cathartique de l'écrit aurait tout aussi bien pu être décliné en roman. Vous avez choisi le théâtre qui à chaque représentation cous amène à revivre cette

Raphaël Pellegrino : Il y avait aussi la logique d'être en école de théâtre donc cette nécessité s'est transformée en pièce du fait du hasard. Au début, la pièce comportait plusieurs personnages et très rapidement c'est devenu seul en scène. J'ai 4-5 mois à l'écrire. Comme beaucoup de gens ont trouvé ce texte intéressant, je me suis dit qu'il fallait le jouer.

Et le choix du metteur en scène?

Raphaël Pellegrino : J'ai essayé de la mettre en scène également seul et ce fût un fiasco complet. J'ai rencontré Frédéric Yana qui est le directeur d'un petit théâtre, l'Alambic Studio Théâtre, dans le 18 ème arrondissement de Paris. Il m'a dit : "pourquoi pas ?". Nous avons travaillé ensemble et cela a été très difficile.

Quelle a été sa marge de manœuvre et que vous a-t-il apporté?

Raphaël Pellegrino : Sa marge de manoeuvre était inexistante au début. Progressivement, elle est devenue complète. Il a fallu que j'abandonne mon écriture à l'interprétation de quelqu'un d'autre ce qui a été très dur. Nous nous sommes énormément engueulés pendant plusieurs mois car il a en plus des techniques très particulières notamment celle de ne pas isoler le public. J'ai donc appris plus avec lui que je n'aurai jamais appris ailleurs mais il a creusé ce texte bien au-delà de ce que j'avais écrit. Il a révélé ce texte comme il m'a révélé comme comédien. Cela me paraît incontestable.

C'est un beau compliment que vous lui faîtes.

Raphaël Pellegrino : Ce texte avait tout le potentiel d'un e pièce terriblement ennuyeuse te être un échec total. C'est noir, sombre, on va vers quelque espoir progressivement mais c'est très douloureux et je pense que si je l'avais traité seul cela aurait été vraiment désastreux. Merci Monsieur Yana !

Il a introduit une certaine distance.

Raphaël Pellegrino : Oui. Quand vous dîtes pour la première fois : "Je vous présente ma mère morte" vous avez l'impression qu'il faut être très cérémonieux, très respectueux, et plein de choses vis çà vis des gens qui sont là q et qui sont ma famille. IL faut quelqu'un d'autre pour vous dire : "OK. C'est quoi cette phrase? De quoi est-on entrain de parler? C'est la mort. Et c'est quoi la mort? Va-t-on poser cette question au public ?" C'est intéressant de poser cette question. Si on dit simplement la phrase d'une manière désespérée, tout le monde s'en fout et c'est légitime. Il a permis d'universaliser le texte qui l'est en tant que tel mais en faisant une mise en scène qui, de par les échos que l'on en a, est manifestement appréciée.

La Compagnie Jardin sur cour qui a produit le spectacle est la vôtre ?

Raphaël Pellegrino : Non, il s'agit d'une compagnie amie. J'ai joué "Trahisons" de Pinter avec son président. Pièce que nous allons reprendre l'année prochaine.

Y a-t-il déjà des perspectives de reprises de ce spectacle après la programmation au Théâtre du Guichet Montparnasse ?

Raphaël Pellegrino : Je ne sais pas du tout. Je vais décider dans les jours à venir si je vais à Avignon. Chaque semaine que je joue cette pièce je m'interroge sur le fait de continuer à la jouer ou de l'arrêter. La pièce mérite entant que telle de continuer être jouée mais le comédien a-t-il toujours envie de la jouer? C'est moins sûr. Vu l'accueil que je reçois, cela méritait d'être continué.

Pouvez-vous envisager de voir ce texte joué par un autre que vous?

Raphaël Pellegrino : Oui. Ce serait intéressant. Cela étant c'est un long travail, puisque nous avons travaillé un an sur ce spectacle et ce n'est pas une pièce qui peut se monter au pied levé. Il faut y mettre de sa personne. Par ailleurs j'ai des envies d'écriture donc je ne sais vraiment pas comme souvent dans notre métier les choses peuvent évoluer très rapidement.

On peut effectivement penser que vous allez reprendre la plume.

Raphaël Pellegrino : Oui, mais pas pour écrire une suite. Beaucoup de gens aimeraient qu'il y ait une suite mais pour moi, il n'y a pas de suite car ce que devait être dit a été dit.

Effectivement, il est difficile d'y voir le début d'un feuilleton. Quels sont donc vos projets?

Raphaël Pellegrino : J'ai envie d'écrire sur Baudelaire ainsi qu'un one man show très étonnamment. J'ai des envies de légèreté et aussi car les drames sont économiquement très peu viables donc j'aimerai bien remplir une salle avant d'aller vers la difficulté. Je suis producteur de "Ni père, ni héros" et cela demande un gros financement.

J'ai également lu que vous aviez des velléités de cinéma.

Raphaël Pellegrino : L'image m'intéresse beaucoup autant en tant qu'acteur que réalisateur. Tout m'intéresse dans le cinéma. J'ai à peu près tout fait dans ce domaine. J'ai été comédien, 1er assistant et je réaliserai probablement mon premier court métrage dans le mois qui viennent. Il est écrit et en phase de pré-production. Le 2ème est aussi quasiment écrit. Dans ce métier, il est indispensable d'avoir plusieurs occupations.

Avez-vous une conception particulière du métier d'acteur?

Raphaël Pellegrino : Non pas du tout. Je n'ai pas une réflexion intellectuelle sur ce métier. Beaucoup de choses très intéressantes ont été déjà dites sur le sujet et je ne suis pas certain d'avoir une pièce à apporter à l'édifice. Il est difficile d'ailleurs de répondre et il faut faire attention à ce que l'on répond. Pour moi "Ni père, ni héros" est un projet réussi car les gens sortent du spectacle en se posant des questions après avoir vécu quelque chose avec moi. Ce qui était profondément narcissique comme travail s'est révélé pouvoir permettre aux gens de s'interroger. Ce qui d'ailleurs ne répond pas à votre question (sourire).

Il me faudra du temps pour comprendre ce qui s'est passé. Mais je constate que ça s'est passé comme cela devrait se passer plus souvent dans le théâtre. Je constate que beaucoup de pièces manquent d'exigence. Pour ce qui nous concerne, nous sommes venus avec une exigence très forte, nous avons énormément travaillé et je suis heureux de cette vraie rencontre avec le public. Il y a derrière cela 300heures de travail et j'espère que cela se voit sur scène. Pour moi le théâtre, c'est, entre autres, cela : des gens qui se rencontrent.

Avez-vous néanmoins vu des spectacles qui vous ont enthousiasmé?

Raphaël Pellegrino : Il y a beaucoup de déceptions. C'est insensé le nombre de salles sur Paris et le nombre de spectacles qui se montent et l'exigence théâtrale me parait assez faible. Je m'ennuie souvent. J'ai infiniment plus de plaisir au cinéma qu'au théâtre. Je vois peu de comédiens qui s'investissent vraiment sur scène, je vois peu d'ambition, et aussi peu de spectateurs qui viennent avec une vraie envie. Il y a à ce propos une très belle phrase sur le fronton du Théâtre de Chaillot : "Ami toi qui entre ici n'entre pas sans désir". Beaucoup de gens viennent au théâtre de manière passive. Il devrait y avoir moins de salle et moins de spectacles mais plus de qualité. Il y a 70% de spectacles comiques à Paris qui sont d'une grande médiocrité.

Ne parlons pas des choses qui fâchent, donc ce qui a vous a déçu, mais de ce qui vous a plu.

Raphaël Pellegrino : J'ai beaucoup aimé "L'île des esclaves" de Marivaux au Théâtre de l'Atelier : un beau travail sur une pièce qui n'est pas facile. Et auparavant j'avais été impressionné par la mise en scène extraordinaire de Deborah Warner sur "Cesar" au Théâtre de Chaillot dans laquelle je jouais. Mais là il s'agit d'une autre dimension, le théâtre public avec des moyens financiers considérables.

 

A lkire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique du spectacle Ni père, ni héros


MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=