Monologue dramatique écrit et mis en scène par Céline Delbecq et interprété par Ingrid Heiderscheidt.
Assise sur une chaise dans la salle froide où seule se distingue une fontaine à eau en arrière-plan, elle s'adresse à l'homme qu'on ne voit pas. Bavarde, elle raconte. Elle se raconte.
Elle égrène les détails de sa vie ordinaire faite de plaisirs simples, elle qui boit un verre de piquette le soir pour s'endormir en lisant la vie des stars dans les magazines. Quand il y a du vent, elle augmente la dose, pour ne plus avoir peur. Et puis il y a son fils, Logan, qu'elle aime plus que tout.
Avec une naïveté confondante, elle fait le récit de cette vie de peu qu'elle chérit pourtant. Essayant d'être drôle car "elle prend toujours le bon côté des choses", ses yeux ronds s'émerveillant sur le brins de bonheur qui lui sont offerts.
Elle essaye de faire du mieux qu'elle peut son rôle de mère, même si l'alcool parfois lui joue des tours... Et veut être dans le monde dont elle se sent exclue, ce monde qu'elle survolait enfant sur les ailes des oiseaux qui lui apportaient le calme et l'espoir, avant de se heurter à son injustice.
Dans "A cheval sur le dos des oiseaux", la belge Céline Delbecq trouve une fois de plus l'occasion de faire oeuvre d'utilité publique avec ce texte d'une puissance phénoménale qui traite de la précarité et de l'inhumanité de la société, mis en scène avec une sobriété bienvenue mais dirigé au cordeau avec mille nuances par l'autrice, soutenu par la création sonore angoissante de Pierre Kissling et les lumières fines d'Aurélie Perret.
Ingrid Heiderscheidt est d'une justesse absolue dans ce personnage où elle ne semble jouer à aucun moment mais juste être cette femme diagnostiquée handicapée, d'une lucidité et d'une énergie vitale folle, qui émeut aux larmes. Plus Carine déroule le récit de sa vie dans la langue particulière imaginée avec habileté par Céline Delbecq, plus l'émotion étreint le spectateur pour ne plus le lâcher.
Porté par Ingrid Heiderscheidt, prodigieuse, ce monologue bouleversant d'une implacable vérité frappe en plein coeur. A voir impérativement. |