I inside the old year dying
(Partisan Records) juillet 2023
PJ Harvey is back en ce début de mois de juillet et j’entends déjà dire : "ouais PJ Harvey c’est devenu chiant et lassant, ce n’est plus les disques de ses débuts...".
Et bien non, PJ Harvey pour moi cela n’a jamais été chiant et lassant, encore moins ce dernier album qui est pour moi peut-être l’un de ses plus beaux, un disque particulièrement intriguant, qu’il faut écouter plusieurs fois pour bien le domestiquer et l’apprécier mais surtout qu’il faut écouter dans l’ordre des titres.
J’aime autant ce disque que j’ai pu aimer White Chalk, un autre de ses grands disques. La musique que nous propose PJ Harvey avec ce nouvel album est précise, ambitieuse, sûrement sophistiquée aussi pour certains mais d’une rare beauté pour moi.
Car oui le dixième album de PJ Harvey, qui arrive sept ans après son prédécesseur nous fait un bien fou. Celui de retrouver une artiste exceptionnelle, de par sa discographie, même si son précédent disque était sûrement un ton en dessous de ce qu’elle avait pu nous proposer depuis le début des années 90.
L’artiste nous envoûte des lès premières notes de son disque, avec le titre "Prayer at the gate", elle continue tout le long des 12 titres à nous donner des frissons autour de sa voix et de ses musiques travaillées.
Les textes découlent d’un recueil de poésie Orlam que l’artiste avait signé l’an dernier. Un recueil parlant racontant l’histoire d’un enfant qui rencontrent des êtres surnaturels tout en s’émancipant. I inside the old year dying est donc le prolongement musical de ce poème, nourri par les paysages et les ambiances de son Dorcet natal.
PJ Harvey avait songé à se déconnecter de la musique pour se réfugier dans l’écriture. Une discussion avec Steve Mc Queen, excellent réalisateur de film lui a permis de revenir à ses anciens amours et à son sujet de prédilection, l’intime, au cœur de cet album qui résume bien le passé compliqué de l’artiste.
PJ Harvey joue avec sa voix, parfois dans des registres qu’on lui connaît peu. Celle-ci peut-être d’une infinie tristesse, effrayante ou désespérée, un peu plus enjouée parfois. C’est la poésie des mots / maux de l’artiste qui semble guider sa musique et ses voix différentes. Un chant strident qui se pose parfaitement sur les rythmes de batterie et des guitares acoustiques. D’autres instruments sont évidemment présents, un trombone sur certains titres, du synthé aussi sur d’autres mais aussi de sonorités enregistrés d’enfants qui jouent, d’eau qui coule d’un ruisseau, du vent ou même des oiseaux. L’ensemble fonctionne parfaitement autour de la voix de PJ Harvey.
Cet album est donc pour moi totalement abouti, totalement habité aussi comme l’est le chant de l’artiste. John Paris et Flood, ses complices de longue date sont bien présents sur cet album qui s’avère être pour celui qui l’écoute un superbe voyage onirique, une expérience sensorielle exaltante.
Alors on aura beau entendre dire que c’était mieux avant, cet album de PJ Harvey prouve tout le contraire. C’est encore mieux aujourd’hui et surtout totalement différent de ce que PJ Harvey a pu nous proposer autrefois. C’est en cela que l’on reconnaît les grands artistes et PJ Harvey en est une immense.