Monologue dramatique de Céline Delbecq interprété par Serge Lacan dans une mise en scène d'Hélène Pelletier.
Sur la place du Jeu de balle, à la fin de la brocante, alors que tout le monde a remballé, l'homme qui passait là par hasard pour aller manger croise la route d'un gosse hirsute au regard vague, immobile comme abandonné.
Un attroupement se crée, les gens le questionnent mais le gamin apeuré ne communique que par des cris.
Immédiatement saisi par la violence de la situation, l'indifférence des passants et touché par ce gamin (qui se révèle être une gamine), l'homme appelle la police. En attendant leur venue, il s'assied avec l'enfant qui n'est déjà plus aussi agité qu'avec la foule. Plus tard, comme la police traîne à lui trouver un foyer, l'homme se propose de l'accueillir.
A force de patience et de douceur, l'homme qui mène une existence solitaire parvient à apprivoiser l'enfant et à gagner sa confiance. Et peu à peu s'opère une lente métamorphose...
Encore une fois, comme pour le remarquable "A cheval sur le dos des oiseaux", Céline Delbecq s'attache à de petites gens pour traiter de thèmes sociaux (Ici, la protection des mineurs). Et les fait parler avec un langage plus vrai que nature.
Elle propose un bouleversant pas de deux entre l'homme bienveillant et l'enfant au passé tourmenté. Un récit poignant où l'humanité du narrateur se heurte à l'insensibilité des institutions et la lenteur de l'administration.
Seul sur scène dans une scénographie minimaliste qui symbolise une salle de tribunal, Serge Lacan, mis en scène avec délicatesse par Hélène Pelletier, interprète magistralement le texte puissant de Céline Delbecq, l'histoire de deux solitudes qui se rencontrent et comblent le vide de leurs existences. C'est puissant et extrêmement poignant.
"L'Enfant sauvage" donne à réfléchir bien au-delà de la salle et vous hante longtemps. Un réel bijou. |