La musique de et par les filles est à la mode. C'est les Inrocks qui le dit, qui l'écrit et l'affirme en couverture de sa nouvelle formule populiste (cf. numéro Camille Vs Emilie Simon). Qu'ont-elles de plus que nous les hommes, virils et insensibles ? La voix qui miaule, les doux accords de guitares et les métaphores le long de rivières roses, le vent qui soufflerait sur d'invisibles bambous en barbapapa….
Aussi, se demande-t-on si résumer Holden à un groupe de filles est possible.
Tout d'abord non, Holden c'est un groupe, avec une chanteuse certes, mais également un trio basse guitare batterie masculin.
Et puis oui finalement, car Armelle s'avère être la colonne vertébrale du groupe, l'épine dorsale et vocale d'une bande d'artiste remplissant ce soir la Maroquinerie comme rarement elle a pu l'être…
Dingue le nombre de têtes présentes ce soir, allant avec leurs corps rêver au son de Chevrotine, onirique album féminin dans l'approche. Tout y caché, offert en cadeau généreux, aérien comme une barrette de cheveux propres.
Comme "C'est plus pareil", premier titre d'un concert qu'on imagine marathon, titre langoureux soutenu par un backing band souple et dur comme le fer, bassiste possédé et guitares souple à l'appui.
D'emblée, Holden propose un set plus nerveux que dix Emilie Simon, moins propre et hum, plus pénétrable.
Voix en place et groupe soudé, Holden convainc sans force l'auditoire, féminin, en douceur et silencieusement. Les têtes qui dodelinent, répétant du bout des lèvres les paroles, en chœur, dans le silence de la Maroquinerie discrète. Assez étonnant comme concert.
Concert électrique et humide, joli mariage des matières qui contraste avec le rock ambiant, un doux malaise suintant par la bouche d'Armelle, présente sans être charismatique, à sa place sans fureur, et cette guitare rappelant tantôt Piano Magic tantôt le jazz de Gainsbourg des 60' période Scenic Railway…
En frôlant l'easy listening d'April March sur certains titres, Holden risque le dérapage (Ce que je suis) et retarde l'explosion, faisant au passage penser à Françoise. Hardy. Plutôt un compliment. Armelle chante "Qu'est ce qui m'arrive ?" et l'on se demande à notre tour quel est notre sexe, pour apprécier cette musique en décalage.
Vient le temps de la tempête sur le génialissime Sur le pavé, peut être le meilleur titre du set, rythmé par un merveilleux jeu de batterie, nerveux et sec, ode à l'instrument si invisible d'habitude.. Batteur aux cheveux grisonnant et pourtant si envoûtant…Chaque roulement de batterie comme un orgasme, prenant comme un shoot.
Et pourtant, Holden, sur la longueur, lasse un brin, par des mélodies quelques fois répétitives, et un jeu de scène minimaliste.
Les têtes dodelinaient encore, que mon corps s'était enfuit. "Nous ne sommes des êtres humains, rien que des êtres incertains" chantait Armelle. Mon être à moi s'en était déjà allé voir si la certitude était ailleurs, si la musique pour fille me conviendrait. Ou pas. |