Me voilà de nouveau avec une nouvelle biographie historique publié par les éditions Perrin. C’est une biographie consacrée au chef des SA et ami d’Hitler qui nous est proposée, sous la plume d’Eleanor Hancock.
Eleanor Hancock est maître de conférences en Histoire européenne et allemande à l’université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Elle est spécialiste du national-socialisme et plus largement de l’Allemagne nazie. Son ouvrage consacré à Ernst Röhm est paru une première fois en 2008, puis réédité en 2011. Il est aujourd’hui traduit en français par Anne-Sophie Anglaret, une historienne et traductrice.
Ce bouquin m’intéressait particulièrement car Ernst Röhm fait figure de relatif inconnu parmi les hauts dignitaires nazis immensément et tristement célèbres comme Goebbels, Göring et Himmler. On peut du coup s’interroger sur ce relatif anonymat (en tout cas pour ce qui est des études historiques) de cet homme qui fut le chef de la section d’assaut paramilitaire nationale-socialiste.
Ernest Röhm fut un soutien de la première heure d’Hitler et du NSDAP. Il fut un personnage important, dès le début des années 20, ami du führer ayant le privilège d’être le seul à pouvoir le tutoyer parmi les cadres. Il participa en novembre 1923 à la tentative de prise du pouvoir à Munich au cours du fameux putsch de la Brasserie.
L’ouvrage nous montre que si Röhm fut le premier soutien du régime, il en fut aussi la première des victimes. Cet homme dérangeait, son homosexualité notoire gênait dans un parti homophobe et son ambition dévorante créa bien vite des tensions et des rivalités dans le cercle rapproché des intimes d’Hitler. Il devint donc une cible de choix en 1934 lors de la terrible nuit des longs couteaux.
L’ouvrage a donc pour ambition, et c’est totalement réussi, de nous raconter qui fut véritablement Ernest Röhm, et surtout, quelles ont été les véritables raisons de son assassinat. Son ambition était-elle autant démesurée ou a-t-il été la victime collatérale d’un dessein plus grand ?
On le suit au travers de sa formation d’officier dans un premier temps, puis de son expérience lors de la Grande Guerre qui fut pour lui une expérience fondatrice. On se rend compte ensuite ce que fut pour lui le traumatisme de la révolution allemande en 1918 et 1919. Très vite ensuite, on voit comment il devint un soldat politique, puis un putschiste pour se voir confier après son emprisonnement la mission de reconstruire le mouvement paramilitaire d’Hitler. L’ouvrage nous embarque aussi dans sa vie privée, nous dessinant un homme ayant de l’humanité.
Il devient chef d’Etat-major de la SA en 1931, après que Hitler ait demandé son retour de Bolivie pour lui confier ce rôle de premier plan. Il joua donc un rôle important dans la prise de pouvoir de ce dernier en janvier 1933 et les SA subissent une évolution, ayant pour charge de défendre les valeurs nazies tout en devenant aussi une réserve potentielle pour l’armée.
Très vite, l’ouvrage nous montre que l’avenir de la SA devient incertain dès le début d’année 1934. Les tensions naissent et elles inquiètent les puissances étrangères. Röhm devient suspect, certains pensent qu’il conspire avec des puissances étrangères pour renverser Hitler, ce qui entraînera la purge des SA et sa mort.
L’ouvrage se termine par une longue conclusion sur le mythe de Röhm, nous montrant au final qu’il était un soldat courageux, porté par des valeurs militaires.
S’appuyant sur des sources inédites et de première main, notamment des documents privés fournis par son neveu, cette brillante biographie fait enfin la lumière sur un personnage clé de l’ascension d’Hitler. |